Alexandre Chaillon : Il faut évidemment relativiser avec ce qui se passe actuellement en Ukraine. L’année 2021 a été une année très difficile pour une partie des vignerons qui n’ont rien récolté ou très peu récolté. Cela pourrait remettre en cause nos objectifs environnementaux. Mais il faut maintenir nos efforts et ne pas lâcher l’affaire ! Cela sera peut-être difficile d’atteindre le zéro herbicide en 2025, mais il faut y parvenir à terme.
Quelles sont vos pistes pour y parvenir ?
Il faut changer de modèle et accepter de travailler en commun. On y parvient en vinification avec les coops. C’est réalisable également dans les vignes ! On peut mettre en place de l’entraide ou créer des Cuma pour le travail du sol et pour l’épandage d’engrais. Et éventuellement passer à la pulvérisation commune quand on est bien aguerri. Le travail en commun permet, en plus, d’échanger plus facilement sur nos pratiques.
Quelles sont vos idées pour améliorer la Réserve Individuelle ?
Cela pourrait être bien d’avoir 2 000 kg/ha de RI en bouteilles, pour pouvoir répondre plus facilement aux besoins des marchés. Mais ce n’est pas simple sur le plan administratif. Augmenter le plafond à 10 000 kg/ha pourrait aussi être une piste. Si on veut pouvoir prendre des risques en baissant le nombre de traitements, il faut une RI solide.
Pour l’instant, il est trop tôt pour mesurer un impact, mais il est probable que cela touchera notre marché. Certains vignerons aimeraient que le dossier de la révision de l’aire avance pour compenser la baisse des rendements et pour pouvoir maintenir un bon niveau de ventes. Avec le monde qui est instable, je ne pense pas que cela soit une priorité d’agrandir l’aire ! Il serait préférable de mieux valoriser nos bouteilles. La valorisation apporte de la résilience économique et permet de mieux passer les crises climatiques ou économiques.
Quels sont vos objectifs pour 2022 ?
Il faut continuer à avancer sur le plan environnemental. Il faut absolument se mobiliser pour la prospection de la jaunisse et arracher les pieds malades. Il ne faudrait pas que cela devienne un phylloxera numéro 2 ! Je pense qu’il faut également réfléchir à donner plus de moyens aux services techniques de notre interprofession au regard de tous les enjeux qui nous attendent.