Serge Zaka : L’agroclimatologie est l’étude de l’impact du climat sur l’agriculture. On en retrouve souvent dans les médias l’étude du changement climatique et des aléas climatiques sur la production agricole. Il y a aussi l’étude des impacts de l’agriculture sur le climat pour l’atténuer, avec les émissions de méthane, le stockage du carbone… Il y a plein de volets.
Par rapport à la vigne, l’agroclimatologie étudie l’évolution de la phénologie en fonction des besoins en froid l’hiver (la vernalisation) et les besoins en douceur le printemps. On peut modéliser l’adaptation des cépages aux climats futurs, l’impact de l’enherbement sur le stockage du carbone, l’augmentation du degré d’alcool potentiel dans les baies… Et il y a encore d’autres exemples.
C’est déjà pratique. Les modélisations permettent de développer des Outils d’Aide à la Décision (OAD), qui guident l’agriculteur dans ses choix. Il peut décider de ne pas les prendre en compte, si le modèle va à l’encontre de ses pratiques habituelles ou qu’il estime qu’il y a un biais dans la modélisation par rapport à la réalité de son exploitation et de ses observations. On ne prend pas les décisions à sa place : ce serait bien prétentieux ! On n’arrivera pas à soustraire la réflexion humaine de la décision.
On guide l’agriculteur, notamment durant les évènements climatiques extrêmes liés au changement climatique, qui sortent des gammes que l’agriculteur a l’habitude d’observer. On peut le guider sur ses pertes de rendement pour un épisode de sécheresse estivale ou de gel tardif. La science peut guider les choix.
En amont, une alerte permet de préparer le matériel (aspersion, tour, chaufferettes…) et d’organiser sa main d’œuvre (surtout en période covid). Pendant l’évènement, les cartes de dégâts liés au gel relient phénologie et météo permettent d’estimer les risques (en fonction de sa connaissance du terrain). La modélisation permet de donner des conseils et des préconisations pour faire face, en fonction des outils à disposition.
Si l’on se fie à une étude scientifique réalisée par un groupe indépendant (publiée sur World Weather Attribution), le changement climatique augmente de 60 % les chances qu’un évènement similaire se reproduise d’ici 2050. Un épisode de gel comme celui d’avril 2021 n’arriverait plus chaque siècle, mais tous les 20 à 30 ans. Il est possible que des épisodes moins violents deviennent également plus réguliers.
L’outil de cartographie Prevent est commercialisé en février, c’est un outil de prévention et d’action pour faire face au gel avec ses outils. On commence avec le gel, à terme tous les évènements climatiques seront intégrés. Avec les canicules type "sèche-cheveux" cette année. On aimerait intégrer les effets de la grêle et des sécheresses. L’évaluation du stress hydrique existe déjà, l’outil Vintel étant déjà commercialisé.
Un travail sur la décarbonation de l’agriculture est en cours avec EDF, une étude va être lancée avec la Chambre d’Agriculture de l’Hérault dans le vignoble.
Non, elle vient d’avant. Je suis passionné de climatologie depuis que j’ai 9 ans. Être un chasseur d’orage me permet de mieux conseiller les agriculteurs. Mon expertise n’est pas que numérique, elle est aussi de terrain. En plus de l’aspect artistique des photos (pour lesquelles j’ai remporté le prix du public de meilleur photographe météo 2021), cela a un aspect terre à terre : je ne me base pas uniquement sur les données scientifiques pour mes prévisions, j’ai aussi une expertise réelle qui fait la différence.