a vague verte continue de déferler. La consommation de vins bio en Europe poursuit sa croissance si l’on se fie à la dernière enquête Ipsos/Millésime Bio conduite auprès de 3000 consommateurs français, allemands et anglais entre le 22 septembre et le 8 octobre 2021. Alors que les personnes enquêtées déclarent consommer moins de vin, elles se tournent vers les vins bio. 39 % des consommateurs européens disent en avoir déjà consommé, c’est 9 points de plus qu’en 2015. Chez les Français 54 % déclarent avoir eu l’occasion de goûter un bio versus 36 % en 2015.
Non seulement les européens goûtent aux vins bio, mais encore ils en font une habitude. En effet, près d’un tiers des personnes interrogées indiquent avoir intégré ces vins dans leurs habitudes de consommation contre 17 % en 2015, date de la précédente étude d’Ipsos/Millésime Bio sur ce même sujet. Chez nos compatriotes, cette part grimpe à 36 %, quasiment dix points de plus qu’il y a six ans.
Sur le terrain, les vignerons bio perçoivent cet intérêt accru de nos concitoyens pour les vins verts. C’est le cas de Mireille Besnardeau, propriétaire du domaine Les Grands Bois, qui compte une cinquantaine d’hectares certifiés depuis 2011, à Saint-Cécile les Vignes (84) et qui produit des côtes côtes-du-rhône, côtes-du-rhône villages plan de dieu, rasteau et cairanne.
« Les particuliers français cherchent de plus en plus de vins bio sur les salons, observe-t-elle. Quand ils ne nous connaissent pas, ils s’arrêtent sur notre stand parce que nous affichons le logo AB. C’est un phénomène que nous constatons depuis trois/quatre ans. » Il s’est accentué cet été au caveau. « Nous avons eu plus de passage que les années précédentes, souligne la vigneronne. Le bio figure parmi les motivations qui ont conduit les visiteurs à pousser la porte de notre cave. Le respect de l’environnement devient une préoccupation montante des consommateurs. C’est dans l’air du temps. »
C’est aussi ce que révèle l’étude Ipsos. L’environnement est le premier critère d’achat des vins bio pour les consommateurs européens : il l’est pour 54 % des Français, pour 58 % des Allemands et pour 50 % des Britanniques. Preuve selon Nicolas Richarme, président de Sudvinbio que « les vins bio ne sont plus un phénomène de mode, mais un courant de société puisque leur achat est motivé au premier chef par la protection de la planète et la santé des vignerons. » Et de compléter : « Nous sommes passés d’une consommation de curiosité à un consommation installée et structurelle. »
Et cela devrait durer car les consommateurs de vins bio sont de plus en plus jeunes : « En 2015, lors de notre précédente étude, la majorité des consommateurs de vins bio avaient plus de 45 ans, indique Nicolas Richarme. Six ans plus tard, près d’un sur deux a moins de 35 ans alors que les plus de 55 ans ne sont que 38 % des consommateurs. »
« Ces résultats suggèrent que la demande en vins bio va poursuivre son développement », estime Jacques Frelin, PDG de l’entreprise éponyme. Misant sur cette perspective l’entreprise va faire du CHR l’une de ses cibles prioritaires. « Les restaurateurs requièrent davantage de vins bio sur leurs cartes, souligne le dirigeant. Il y a un important travail à mener avec eux pour que les vins bio soient mieux identifiés sur leur carte. »
Autre réservoir de croissance, les magasins spécialisés bio dont le nombre va augmenter en France. Biocoop annonce ainsi 1000 points de vente d’ici 2025 contre un peu moins de 700 à l’heure actuelle. « Ces chaînes spécialisées font de réels efforts pour proposer des gammes de vins bio structurés et cela attire les clients », remarque Jacques Frelin. A l’export, le groupe va concentrer ses efforts sur l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas et la Grande-Bretagne où il reste des places à conquérir en grande distribution et en CHR.
Julien Franclet, à la tête du domaine Séailles, 25 ha à Mouchan (32) l’un des rares vignerons à produire des IGP côtes de Gascogne et de l’armagnac en bio depuis 1998, mise sur le salon Millésime Bio qui tient du 24 au 26 janvier à Montpellier (34) pour développer son portefeuille clients en France et à l’étranger. « Au cours de l’édition 2020 qui s’est tenu en digital, nous avons décroché des marchés en Europe du Nord, au Canada et en Belgique, expose-t-il. De plus en plus de professionnels cherchent à substituer des références de vins conventionnels par des vins bio. » Il compte bien en profiter.
D’après l’observatoire Ipsos/Millésime Bio, les consommateurs européens acceptent de payer 2,90 € de plus une bouteille de vin bio. En moyenne, ils affirment dépenser 13,90 € dans une bouteille de vin bio versus 11 € pour un vin conventionnel. Un montant en hausse de 5 € par rapport à 2015. Toutefois pour certains opérateurs comme Jacques Frelin, PDG de la maison du même nom, cet écart apparait peu proche de la réalité. Selon lui le différentiel se situe davantage autour de 1 à 1,50 € entre un vin bio et un conventionnel. « Les consommateurs acceptent de payer plus parce que ces vins possèdent le label AB à condition qu’ils soient de qualité », ajoute-t-il.