ouis Faucon nait le 12 mars 1816 à Tarascon dans les Bouches du Rhône, dans une famille nombreuse. Son père est commerçant. « A peine âgé de 20 ans, il s’embarque avec son frère ainé à destination de l’Amérique du sud pour y chercher fortune, indique la biographie que lui consacre le Creddo, une association provençale. De retour en France, fortune faite semble-t-il, il achète le mas de Fabre à Graveson dans les bouches du Rhône ».
Ce domaine compte alors 35 ha, surface que Louis Faucon portera à 50 ha. Botaniste dans l’âme, il le transforme en un champ d’expérimentation où il acclimate des arbres et fleurs exotiques. Mais le phylloxéra ravage son vignoble. « Sur 24 hectares, 3 étaient complètement morts et 21 se trouvaient dans un état désespéré, il ne m’a donné que 40 hl en 1868 et 35 hl en 1869 », retrace-t-il.
Très vite, il apprend qu’un certain docteur Seigle préconise la submersion hivernale des vignes pour asphyxier l'insecte. Une idée qu’il s’empresse de tester. Son domaine s’y prête : il bénéficie du canal d’irrigation des Alpilles et de roubines, des petits canaux, qui distribuent l’eau dans les parcelles. Louis Faucon possède deux pépinières. De fin 1869 à janvier 1870, il en submerge, mais pas l’autre. « Tous les ceps qui n’étaient pas complètement morts, recouvrèrent une grande vigueur durant la saison. L’autre pépinière succomba », écrit-il.
Fort de ce succès, il étend le procédé. Deux ans plus tard, les « vignes qui étaient condamnées à une mort certaine, (…) sont revenues à un état de santé et de production très satisfaisant. Par sa luxuriante végétation, au milieu de vignes mortes et desséchées dans un rayon de plus de 10 kilomètres, mon vignoble peut être comparé à l’oasis au milieu du désert ».
Parallèlement, il étudie minutieusement l’insecte. Il raconte qu’il n’hésite pas à se « coucher à plat ventre sur le sol dans les vignes, loupe en mains » pour l’observer. Et c’est ainsi que le 24 aout 1872 il voit « des phylloxéras aptères en nombre considérable cheminer sur le sol, venant des vignes les plus épuisées, s’avancer jusque près des souches moins malades et leurs racines ». Au printemps suivant, il note l’éveil des insectes à partir du 1er avril, leur grossissement à partir du 6, l’apparition d’œufs à partir du 18 et de nouveaux nés à partir du 22. Le 14 juin, il voit « les premiers phylloxéras aptères, tous jeunes, très-petits et d’une grande agilité ».
En 1874, il publie avec succès ses « Instructions pratiques sur le procédé de la submersion : guérison des vignes phylloxérées » qu’il complètera en 1879. « Après les vendanges et avant le commencement de la taille, il faut inonder les vignes pour que la terre soit couverte partout d’une couche d’eau de 20 à 25 cm d’épaisseur, recommande-t-il. La submersion doit être complète, non interrompue et durer 30 jours en automne, ou 45 jours si on ne peut la pratiquer qu’en hiver. Des bourrelets bien établis doivent être disposés [autour des parcelles] de manière à retenir l’eau ». Pour être complet, il estime les besoins en eau et détaille comment l’amener. Il évalue le coût de l’opération à 60F/ha/an.
Dans une lettre du 21 octobre 1879, il assure que « 23 ha de vigne m’ont donné 2100 hl de vin. Les aramon ont dépassé 200 hl à l’hectare. Les plants fins : clairettes, mourvèdres et grenaches ont produit une récolte ordinaire pleine ». Tout cela grâce à la submersion.
En 1881, Louis Faucon est promu chevalier de la Légion d'honneur pour avoir permis de sauver près de 1200 ha de vignes. Il meurt le 18 mars 1897 à Graveson.