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Viticulture : « Avec une gestion collective, nous pouvons éviter que la flavescence dorée devienne le phylloxera du XXIème siècle »
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Viticulture : « Avec une gestion collective, nous pouvons éviter que la flavescence dorée devienne le phylloxera du XXIème siècle »

Par Anne Serres Le 04 avril 2014
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Viticulture : « Avec une gestion collective, nous pouvons éviter que la flavescence dorée devienne le phylloxera du XXIème siècle »
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'interprofession des vins bio du Languedoc-Roussillon a réuni ce jeudi 2 avril Virgile Joly, vigneron bio à Saint-Saturnin et Nicolas Constant, référent technique viticulture de SudVinBio autour de son président Patrick Guiraud, vigneron bio au domaine de la Fourmi dans le Gard, pour un point sur la lutte contre la flavescence dorée.

« Ceci n'est pas une conférence sur la flavescence dorée dans le cadre de la viticulture bio », précise Virgile Joly, « la problématique n'a rien de spécifique au bio, elle est la même en conventionnel et les organismes en charge de la détection et de la lutte contre la flavescence dorée (Chambres d'Agriculture, groupement de lutte contre les organismes nuisibles (FGDON) ne regardent pas à ces différences ». « Le monde de la bio est un monde ouvert », résume Patrick Guiraud, « et face à une menace de l'ampleur de la flavescence dorée, seule la lutte collective est efficace. »

Une maladie sournoise

La flavescence dorée est une maladie de la vigne, dont l'agent pathogène est un cytoplasme qui affecte les racines de la plante. Elle est présente en France depuis le milieu du XXème siècle et transmise d'une souche à l'autre par un insecte, la cicadelle. Elle cause des pertes directes de récolte par dessèchement des grappes dès l'expression de la maladie et, rapidement, la mort des souches infectées. Une fois installée, elle est incurable. La recherche scientifique sur la bactérie qui la provoque en est à détailler son cycle de vie mais aucun traitement curatif n'existe. La moitié du vignoble français serait à surveiller pour identifier des souches malades, les arracher et limiter la présence de vecteurs de la contamination.

Entre la contamination et l'expression de la maladie, la flavescence dorée connaît un temps de latence d'un an « voire plus », précise Nicolas Constant. Et, dans les premières phases d'expression de la maladie, ses symptômes sont très proches de ceux de la maladie du bois noir, pathologie différente (seule une analyse génétique de l'agent pathogène permet de différencier les deux maladies), qui s'étend ensuite très lentement alors que la flavescence dorée fait dégénérer les vignes à un rythme beaucoup plus rapide.

« Pour toutes ces raisons, nous devons alerter les viticulteurs, qui ont tendance à minimiser l'importance d'une maladie discrète mais en réalité très sournoise », explique Virgile Joly.

Difficile d'estimer au niveau national l'ampleur des dégâts mais la menace est d'envergure « seule une gestion collective nous permettra d'éradiquer la flavescence dorée qui, autrement, pourrait être le phylloxéra du XXième siècle ». En vingt ans, 700 ha ont été arrachés en Languedoc-Roussillon sur 400 000 ha il y a vingt an et 200 000 aujourd'hui (« c'est dire si la crise de surproduction et les mesures d'arrachage ont eu jusqu'ici des effets bien plus marquants mais cela ne doit pas limiter la prise de conscience actuelle sur la flavescence dorée qui est le vrai problème aujourd'hui », précise Patrick Guiraud).

Des traitements limités

La lutte contre la flavescence dorée s'articule autour de mesures de prévention appliquées notamment dès l'implantation des ceps, qui doivent être indemnes de contamination (dans les zones à risque, les pépiniéristes peuvent appliquer un traitement contre le cytoplasme en chauffant pendant quelques minutes les plants à 50°C).

Faute de traitement existant sur souche de la bactérie responsable de l'infection, les vignerons peuvent lutter contre la propagation en éradiquant les populations de cicadelles, là où la bactérie est présente (la ciccadelle, en soi, n'est pas nuisible en dehors des zones infectées).

L'épamprage limite les zones de refuges pour l'insecte (« il fait de toutes façons partie de l'arsenal pour limiter d'autres maladies, et notamment le mildiou » rappelle Virgile Joly) et le recours à trois traitements au pyrèthre (produit naturel issu de la fleur de chrysanthème) peut être imposé par arrêté préfectoral dans les zones infectées.

Le pyrèthre a un effet « neutre à négligeable » sur les acariens du type Phytoseidae, son effet sur la faune auxiliaire et notamment sur les abeilles est «limité compte-tenu de la dégradation rapide du produit à la lumière, de sa très faible rémanence et du fait que les abeilles ne butinent pas la fleur de vigne et sont donc peu présentes dans les vignes au printemps, au moment des traitements. »

« Son efficacité (75 % au premier passage, 87 % au deuxième et 99 % au troisième) alliée à l'absence de résidus et à une faible rémanence en font le meilleur compromis compte-tenu de l'absence de résidus qu'il laisse dans les vignes » explique Nicolas Constant.

Les autres traitements possibles ont été abandonnés : trop dangereux pour l'utilisateur (Rotenone, Nicotine), trop coûteux compte-tenu des doses nécessaires pour un traitement efficace (kaoline calcinée larvicide) ou efficace sur des populations importantes et concentrées, ce qui n'est pas le cas en Languedoc-Roussillon (traitement ovicide par application d'huile minérale sur les souches en hiver et de soufre mouillable au printemps).

La lutte biologique par l'introduction de prédateurs naturels s'est révélée une impasse.

Enfin, la lutte passe par la détection des souches infectées (rendue difficile par la longue phase de latence de la maladie et sa communauté de symptômes avec la maladie du bois noir) et leur arrachage. Celle-ci est organisée au niveau départemental et, « au-delà de la prise de conscience, la mobilisation des vignerons est essentielle pour parcourir les parcelles et identifier correctement les souches infectées », résume Patrick Guiraud.

Une détection et une lutte collective nécessaire

Le caractère obligatoire des traitements pour éradiquer la cicadelle dans les zones infectées repose sur un arrêté du ministère de l'Agriculture décliné ensuite au niveau départemental par arrêté préfectoral. Les Service Régionaux de l'Alimentation (SRAL) au sein des Chambres de l'Agriculture et les Fédérations Départementales des Groupement de Défense contre les Organismes Nuisibles (FDGDON) gèrent collectivement l'inspection des parcelles, les analyses menées sur les souches suspectes. Les organisations professionnelles agricoles (OPA) concernées se réunissent à l'issue des campagnes de détection (qui lieu en août-septembre, au moment de l'expression de la maladie) et dressent un bilan des contaminations constatées à l'issue duquel des zones de contamination avérées (niveau 1 : avec mal identifié, arrachage des souches infectées et lutte obligatoire contre la cicadelle ; 1bis : avec un risque important compte-tenu de la proximité avec la zone 1 et du temps de latence d'un an de la maladie ; zone 2 : zone avec un risque existant où un contrôle régulier s'impose). Cette carte fait l'objet d'une réévaluation annuelle.

« Ces opérations nécessitent une mobilisation des vignerons car, pour repérer une souche ou deux dans une parcelle avant que le dommage soit d'une ampleur beaucoup plus difficile à maîtriser, il faut en parcourir des kilomètres dans les vignes ! » explique Patrick Guiraud. Dans le Gard, 35 personnes sont mobilisées chaque année.

« Parce que la maladie a une phase latente longue il nous faut alerter les vignerons pour qu'ils ne sous-estiment pas la menace, participent aux opérations de détection et se conforment aux traitements obligatoires », explique Virgile Joly, « Parce que ses symptômes se rapprochent de la maladie du bois noir, les vignerons doivent être formés et SudVinBio a une position de pivot entre la Chambre d'Agriculture (pour la diffusion des informations techniques) et les instituts de recherche (ITAB, INRA...) dans une perspective globale de lutte contre la flavescence dorée des conventionnels comme des bio »

Une épidémie à divers stades d'avancée selon les vignobles

La flavescence dofée est relativement maîtrisée en Languedoc-Roussillon où elle serait présente à l'échelle d'une souche ou deux par parcelle dans le Minervois, a-t-on noté lors de la dernière campagne de détection. « A ce stade la lutte par l'arrachage est facile, rapide et peu coûteuse. La prise de conscience porte ses fruits en Languedoc-Roussillon. D'autres régions sont moins bien loties, la ciccadelle y est nouvelle et les vignerons rechignent parfois à appliquer les traitements « En Bourgogne notamment. Personne n'aime être contraint à appliquer des traitements mais il faut voir plus loin car la menace est réelle », précise Virgile Joly.

En Rhône-Alpes, le mal était jusqu'ici circonscrit dans l'Enclave des Papes où la mobilisation des vignerons l'avait considérablement fait reculer. « Mais dans les Bouches du Rhône, département jusqu'ici épargné, on a découvert un très gros foyer dans les Alpilles et un vigneron a dû arracher 17 hectares, ce qui représentait la moitié de son exploitation. On mesure avec cet exemple extrême l'importance de ne pas minimiser l'ampleur de la menace ! », conclue Patrick Guiraud.

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