’est l’un des espoirs en matière de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, à tel point que le GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) l’a mentionné dans son dernier rapport. Le « biochar », ou « biocharbon », est un charbon issu de la pyrolyse de biomasse végétale et destiné à amender les sols agricoles, pour améliorer ses propriétés et servir de puits de carbone. Un marché appelé à grandir, et sur lequel l’entreprise bourguignonne Bordet souhaite dès à présent se positionner.
Aujourd’hui productrice de charbon végétal combustible, à destination des professionnels et des particuliers (barbecues), Bordet veut commercialiser un biochar d’ici quelques années grâce à un programme de recherche et développement, accompagné par France Relance. «Les 150 000 euros investis proviennent pour partie de l’entreprise, et pour partie de l’État », dévoile Charlotte Albarel, directrice générale de Bordet. « Cette somme permet déjà de travailler en étroite collaboration avec deux jeunes docteurs-chercheurs, respectivement issus du CNRS et d’INRAE, et que nous prévoyons de recruter à terme. » Des essais in vitro et in vivo seront menés.
À ce stade, la société assure déjà que « le biochar sera apporté à la parcelle en tant qu’amendement, donc sans renouvellement tous les ans», et que « son effet sera visible sur plusieurs années. » Selon Charlotte Albarel, ces petits granulés noirs « ont la capacité de séquestrer différents gaz à effet de serre », tout en présentant « de nombreux intérêts agronomiques : augmentation de la capacité de rétention d’eau du sol, amélioration de la structure et de l’aération... Le biochar rend aussi plus disponibles les bio-nutriments et favorise la vie microbienne du sol. »
Bordet, travaille « essentiellement sur des circuits courts » pour son approvisionnement en matières végétales, avec actuellement une grande partie de la matière première provenant des déchets de scieries, « à 100 % françaises ». Quant au procédé de fabrication, celui-ci « fonctionne en circuit fermé, avec zéro rejets », assure Charlotte Albarel. « Les déchets de production - gaz et goudrons – sont recyclés, notamment pour le fonctionnement de nos locaux.»