rouver des greffés-soudés pour la campagne de plantation 2022, mission impossible ? C’est, peu ou prou, le constat dressé par les pépiniéristes présents lors de ce salon Sitevi à Montpellier. « Ceux qui n’ont pas commandé à l’avance auront des difficultés à trouver des plants cette année», assure Frédéric Millet, des pépinières Gillibert, à Orange (Vaucluse). Une tension d’autant plus remarquée sur « les cépages destinés à la production de blancs et de rosés, qui sont très demandés. » Et notamment « le chardonnay, le picpoul blanc, le cinsault et le grenache».
À quelques stands de là, Stéphane Margouët voit la même tendance se dessiner. Le responsable des relations techniques et commerciales d’Uniplants vigne (Drôme) estime « qu’il faut commander dès maintenant pour 2023 » pour s’assurer d’avoir le matériel végétal souhaité. « Le cinsault, le gamay et le chardonnay sont très demandés. Le pinot noir, le merlot et le cabernet aussi, mais pour des raisons plutôt liées aux taux de réussite en pépinières. » Et de préciser : « l’été pluvieux et froid a fait des dégâts dans les pépinières du sud-ouest et du nord. Le sud-est s’en sort un peu mieux. Des pépiniéristes du nord et sud-ouest nous appellent pour des échanges et ventes de plants. » Un constat partagé par d’autres professionnels du secteur.
Du côté des pépinières Guillaume, deuxième plus grand producteur de plants en France, on observe également une tension sur les variétés majeures. « Ceux qui s’y prennent au dernier moment se rendent compte qu’il est trop tard pour trouver du chardonnay, du pinot noir, du gamay, ou encore du cabernet pour la campagne 2022 », tranche François Guillaume. Le directeur stratégie de cette entreprise familiale annonce un taux de réussite « très satisfaisant » dans ses pépinières, et explique la tension par d’autres facteurs. Notamment « le gel d’avril », qui « a poussé certains viticulteurs a prendre des décisions, et à arracher de vieilles parcelles».


Mais pour lui, le millésime n’explique pas tout, et on touche à un problème structurel. « Dans un contexte réglementaire français extrêmement strict, les pépiniéristes font un métier de plus en plus compliqué et gagnent de moins en moins leur vie. Chaque année, il y a de moins en moins d’acteurs sur ce marché, cela a été confirmé lors du dernier congrès de la profession. » Moins d’offre donc, dans un contexte « de vieillissement global du vignoble » qui plus est. François Guillaume anticipe : « la tension risque de s’accroître pour la campagne 2023. D’autant plus que le gel d’avril a provoqué des dégâts dans les vignes mères et que les viticulteurs qui n’ont pas eu de plants en 2022 se reporteront sur l’année suivante. Notre mot d’ordre, c’est : commandez maintenant pour 2023. Et prévoyez déjà 2024 si possible. »