Les vignes autour des orifices d’aération des caves sont souvent épargnées par le gel. Est-ce l’effet de l’air tempéré qui règne en permanence dans ces galeries souterraines, et qui pourrait réchauffer nos vignes face au gel sur de plus grandes surfaces avec un dispositif inspiré du puits canadien ? Cette technologie a fait ses preuves dans le chauffage ou le rafraîchissement des logements. En viticulture, personne ne l’a encore étudié ». François Jamet, vigneron à Saint-Nicolas-de-Bourgueil, a travaillé sur la question. Il imagine comment cela pourrait fonctionner.
« A Saint-Nicolas et dans la région, il existe beaucoup de caves, parfois avec plusieurs niveaux de galeries, où l’air est environ à 12°C toute l’année. Des ventilateurs à l’entrée de ces caves et encastrés dans des cloisons pourraient concentrer et pousser les flux d’air tempéré vers l’extérieur. Ces flux seraient acheminés dans les vignes avec des gaines de grand diamètre » explique-t-il.


Le vigneron a présenté son idée sur les réseaux sociaux et auprès du syndicat des vins de Saint-Nicolas. « Je lance le débat, tout le monde peut y réfléchir. Des spécialistes en énergie des fluides, des étudiants pourraient s’emparer du sujet et en étudier la faisabilité et l’intérêt, notamment en cas de gel advectif, avec une grande masse d’air froid. L’air tempéré des caves viendrait remplacer ou se mélanger à cet air froid, en étant brassé par des tours à vent ».
Pour Xavier Amirault, vigneron à Saint-Nicolas, « l’idée est intéressante, en particulier dans les vignes gélives en bas de coteau ». François Jamet déclare avoir eu des avis globalement positifs de ses confrères : « On m’a dit que mon idée n’était pas stupide, et qu’il y avait certainement un truc à faire ». Du côté du syndicat des vins, le projet n’a pas encore été étudié faute de temps, en raison des gels, de la grêle et de la tornade, mais « le dossier est sur la table », déclare Patrick Olivier, président de l’Organisme de Défense et de Gestion (ODG).
Selon François Jamet, il est évident qu’une telle idée ne peut être mise en œuvre que dans un cadre collectif. « Le financement des équipements devrait être mutualisé entre vignerons. Les propriétaires des caves devront aussi trouver leur intérêt dans la mise à disposition de cet air tempéré, une énergie naturelle qui ne coûte rien à produire ».
François Jamet a imaginé sur ce croquis comment pourrait fonctionner son idée.