’élection du nouveau président du Conseil Interprofessionnel du Vin du Languedoc (CIVL) ce vendredi 2 juillet a été houleuse. C’est Christophe Bousquet, président de l’ODG La Clape qui, en tant que producteur, succèdera à Miren de Lorgeril à la tête de l’interprofession, mais l’élection ne s’est pas déroulée dans la sérénité. Les représentants de quatre ODG ont refusé de participer au vote : Corbières, dont le président Olivier Verdale était également candidat à la présidence, Fitou, Malepère et Faugères. Ce n’est pas tant le candidat porté à la présidence, que l’éviction des metteurs en marché direct du collège des négociants qui a mis le feu aux poudres.
Particularité de l’interprofession languedocienne, les producteurs qui commercialisent plus de 50 % de leur production en direct, sont représentés depuis 22 ans au CIVL au sein du collège des négociants. Ils détiennent 30 % des sièges alloués à ce collège. Une singularité que l’UEVM (Union des Entreprises Viticoles Méditerranéennes) dénonce aujourd’hui, estimant que ces producteurs, qui n’ont pas le statut de commerçants, n’ont rien à faire parmi le collège des négociants et qu’ils contreviennent au principe des interprofessions qui veut que négoce et production soit à parité. L’UEVM a donc présenté une liste de représentants pour le collège du négoce sans aucun des metteurs en marché directs jusqu’ici membres du CIVL, mais avec uniquement des membres ayant le statut de négociant. Font ainsi leur entrée au CIVL des entreprises comme Hetch &Bannier, Daumas Gassac ou Joseph et Calmels.
Cette décision a soulevé un tollé chez les metteurs en marché directs. « Il n’y a eu aucune concertation. C’est une décision unilatérale de l’UEVM. Alors qu’on est représentés depuis 22 ans, du jour au lendemain, on est mis dehors. Nous n’avons même pas reçu de convocation pour l’AG » s’insurge Nathalie Caumette, présidente de l’ODG Faugères, qui jusqu’ici siégeait au CIVL en tant que metteur en marché direct. La vigneronne faugéroise réclame qu’une étude soit réalisée pour déterminer quelle est la part du négoce et de la production dans la commercialisation des appellations languedociennes, afin que leur présentation au sein du CIVL soit en phase avec la réalité économique. Les metteurs en marché directs contestent également l’interprétation des textes faite par l’UEVM, indiquant que nulle part, il est fait référence à un code APE de commerçant ou au fait d’être acheteur de vin pour être reconnu comme représentatif de la mise en marché.
Tout comme Corbières dont le conseil d’administration a voté le non renouvellement des accords interprofessionnels du fait de l’éviction des metteurs en marché directs, Faugères a annoncé son intention de quitter l’interprofession. Si les AG de ces deux ODG valident cette décision, leur retrait ne serait pas effectif avant le 31 décembre 2023, date d’échéance des accords triennaux qui qui les lient au CIVL.
« J’aurais préféré être élu dans des conditions plus apaisées. J’ai pris acte de la décision des quatre ODG, je le regrette. Je vais constituer mon bureau et tenter de ramener tout le monde autour de la table » commente le nouveau président.