es élections régionales et départementales passées, les records d’abstention enregistrés semblent déjà banalisés, pour ne pas dire oubliés, par les politiques et citoyens. Cuisante, cette défaite démocratique témoigne d’une forme de désintérêt individuel croissant pour la chose collective. Un trait de l’époque qui doit servir d’alarme à la filière vin. Si des syndicalistes viticoles se targuent parfois de représenter 100 % du vignoble (l’adhésion aux Organismes de Défense et de Gestion étant obligatoire pour bénéficier des AOP et IGP), la rupture générationnelle qui se prépare doit non seulement être anticipée pour son défi foncier de transmission, mais aussi par l’apparent mouvement de retrait des plus jeunes face à leurs institutions professionnelles.
Cette forme d’abstention dans la participation et l’implication des structures est combattue par de nombreuses initiatives (notamment les relances et renforcements des sections jeunes, avec plus de marges de manœuvres) et de nouvelles figures syndicales émergent parmi les moins âgés. Mais il reste des signaux faibles, et on continue de percevoir un manque chronique de relève parmi les élus de certains syndicats et même d’interprofessions…
Si cette tendance, encore embryonnaire, se confirme, certains mandats pourraient devenir de véritables patates chaudes. La faute au manque de temps disponible pour le collectif alors que la surcharge pour sa propre entreprise est grande (ce qui explique en partie la forte présence des représentants de groupes internationaux et coopératifs dans les principales instance). La faute aussi à un décalage entre la recherche d’un compromis collectif et des orientations politiques individuelles parfois radicales (notamment sur les critères environnementaux ou les visions des AOC). Sans oublier la faute au mille-feuille institutionnel de la filière vin, qui n’a rien à à envier à celui administratif.
Alors que les vignobles de France sont à la croisée des chemins, le besoin d’injecter du sang neuf est cruciale pour la filière. Ce qui passe par la démonstration du pouvoir des mandats, en témoigne la vitalité politique de la génération actuelle de dirigeants de la filière, des aides locales après le gel à l’aboutissement des négociations européennes sur la Politique Agricole Commune. Une autre solution est esquissée en Champagne, dont le fonctionnement institutionnel est souvent cité en exemple, avec le syndicat du négoce qui innove en titularisant son directeur au poste de président l'an prochain. Une formule techniquement efficace, à défaut d’être totalement satisfaisante démocratiquement.