es huit partenaires* du projet Interreg VINIoT travaillent depuis un an sur un nouveau service de suivi des vignobles. « L’objectif est de proposer aux vignerons français, portugais, et espagnols une surveillance en temps réel et à distance du stress hydrique, de la maturité technologique des raisins, de la flavescence dorée, et du mildiou » résume Fanny Prezman, ingénieure en viticulture au pôle Sud-Ouest de l’Institut Français de la Vigne et du Vin.


Aux origines du projet, le chef de file AIMEN a vu dans la viticulture des opportunités de nouveaux marchés. Ce centre d'innovation et de technologie situé en Galice a notamment développé des caméras hyper-spectrales.
Les instituts techniques impliqués dans VINIoT utilisent les images recueillies par ce matériel de pointe pour photographier la vigne sous tous ses angles. L’année dernière, l’Irstea a ainsi pu faire le lien entre les mesures optiques et les niveaux de stress hydrique sur des plantes cultivées en pot.
L’IFV a travaillé sur la maturité. « Nous avons récolté de la syrah, du fer servadou et du mauzac à trois dates différentes en août et en septembre » explique la chargée de communication. Après égrainage, les baies sont passées dans des bains densimétriques de sorte à créer des lots de TAVP différents. « Nous avons pris une photo de 200 baies de chaque lot, et établi des corrélations entre l’image et le taux de sucre » indique Fanny Prezman.
L’IFV s’est également penché sur la flavescence dorée, en prélevant des feuilles sur sept cépages noirs ou blancs, et sur des pieds contaminés, sains, ou atteints d’autres pathologies. « Nous avons en plus fait des mesures au Dualex pour évaluer les teneurs des feuilles en chlorophylle, et analysé 205 photos ». Un institut espagnol fait le même travail sur le mildiou.


En 2020, tous les essais ont été réalisés au laboratoire, dans des conditions contrôlées. « Nous allons refaire les mêmes cette année, en les doublant avec des essais au vignoble pour vérifier nos corrélations » explique Fanny Prezman. Pour la maturité, ce sont désormais des grappes entières qui seront photographiées et analysées.
En 2022, l’IFV réalisera des démonstrations de son prototype dans son vignoble de Lisle-sur-Tarn.
Les scientifiques cherchent aussi à développer des capteurs moins onéreux, en se focalisant sur les spectres d’intérêt en viticulture. Ils tentent aussi de le coupler avec d’autres capteurs déjà présents au vignoble (température, humidité…) pour proposer une vue globale de leurs parcelles aux viticulteurs, accessible à termes via une plateforme web.
A termes, le service sera relayé aux viticulteurs par les entreprises membres du hub VINIoT.
*L’INRAE, l’IFV, en France l’association des vignerons du Douro au Portugal, et l’AIMEN, le gouvernement de Rioja, l’association galicienne de qualité alimentaire, la fondation de transfert de technologie galicienne, ainsi que plusieurs établissements vinicoles dans les trois pays.