lors que ce mois d’avril ne se déconfine pas d’un fil en France, les perspectives de réouverture des restaurants et de relance des salons commerciaux restent bien lointaines. Reportant toutes les attentions sur le réseau commercial qui porte les ventes domestiques : la grande distribution. En cette période de Foires Aux Vins de printemps, il s'agirait plutôt de grande promotion. Toutes les enseignes semblent se concurrencer pour casser les prix des vins AOC. Du bordeaux à moins de 2 € aux champagnes à moins de 10 €, aucune appellation n’est épargnée. La grogne monte dans la filière avec une question simple : à qui la faute ?
Certains désignent les vignerons et caves coopératives qui acceptent de vendre à bas prix ; ces opérateurs répondent que les ventes sur le marché spot restent la seule solution pour dégager de la trésorerie en cette période de crise sans fin. D’autres pointent la responsabilité des négociants, qui font des coups détraquant tout un marché pour obtenir un simple appel d’offre ; mais le négoce défend des opérations commerciales permettant de vendre le reste de leur gamme, plus valorisée. La majorité accuse la grande distribution de ne pas appliquer son discours de soutien au patriotisme économique avec ces ventes sous le prix de revient ; mais les grandes surfaces cherchent clairement à attirer une clientèle qui réduit ses visites dans les grandes surfaces par crainte de la covid.
Dans ce débat complexe, seule la victime peut faire consensus : l’image de marque et la garantie de valorisation des AOC. Si le vin n’est pas un produit de première nécessité, il a toute sa place dans les réflexions et propositions actuelles sur l’amélioration de la loi EGAlim. Et si, pour mettre enfin les choses à plat sans tartufferies, la filière vin pouvait parler, légalement, de ses coûts de production et de son prix de revient ?