rospecter la flavescence dorée ne demandera bientôt plus que 10 minutes aux viticulteurs. « C’est le temps qu’il faut pour installer notre caméra sur la vitre intérieure de leur machine à vendanger » pose Alexandre Nedeltchev, directeur général de RGX Systems.
Ils n’auront plus ensuite qu’à appuyer sur "enregistrer". La caméra filmera la vigne au fil de leur progression dans la parcelle. En fin de chantier, il suffira d’appuyer sur "stop". « De retour au bureau, ils téléchargeront les images brutes sur nos serveurs. Des algorithmes les traiteront et créeront une cartographie précise des ceps contaminés » reprend le startuper.
Cette caméra embarque la même technologie que celle utilisée par la NASA depuis les années 1980 pour observer la composition chimique de l’univers. « En divisant la lumière en une multitude de longueurs d’ondes différentes, l’imagerie spectrale permet de repérer les changements physiologiques ou chimiques de la plante » explique Alexandre Nedeltchev.
Depuis 2015, l’imagerie spectrale se démocratise. Les capteurs sont moins encombrants et leur prix baisse. D’autres entreprises ont d’ailleurs déjà eu l’idée de l’utiliser pour détecter les maladies de la vigne par drone. « Mais les drones ne peuvent filmer que la cime des vignes, alors que les symptômes de la flavescence dorée se développent aussi sur les rameaux et au cœur de la végétation ».
Encouragée par la Chambre d’agriculture des Bouches-du-Rhône, la startup RGX Systems a préféré miser sur la proxidétection. Elle réalise des essais depuis 2018. « Notre avons co-construit un protocole avec les organismes officiels. A chaque fois, des agents des Fredon, Gdon, ou de Chambre d’Agriculture passent d’abord marquer les pieds symptomatiques » indique Alexandre Nedeltchev.
En trois ans, la caméra d’RGX Systems a balayé des dizaines d’hectares dans les Bouches-du-Rhône, le Var, et en Champagne. « Nous voulons refaire une campagne d’essais cette année sur différents cépages et sous différentes conditions météo pour finaliser nos algorithmes. L’objectif est d’atteindre 100% de détection ».
Et la startup voit plus loin. « Pour l’instant nous passons pendant les vendanges car c’est à ce moment que les symptômes sont les plus visibles, mais nous travaillons également sur une détection précoce, à l’apparition des feuilles, qui permettrait de mieux rationnaliser la lutte insecticide en zone de traitement obligatoire » poursuit Alexandre Nedeltchev.
Dès l’an prochain, les développeurs envisagent aussi de détecter les maladies du bois, l’esca, l’enroulement ou le court-noué. « La moitié du vignoble mondial est contaminé par un virus ou une bactérie. C’est un très gros marché ».
RGX Systems espère commercialiser son dispositif, baptisé « Agrio », après les prochaines vendanges. Déjà soutenue par le Village by CA Côte d'Azur, la startup réalise actuellement une levée de fonds et vient d’intégrer l’incubateur de Bernard Magrez pour mettre un pied dans le vignoble bordelais.