e désherbage électrique a fait ses preuves dans les vignobles de l'Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV) de Lisle-sur-Tarn (81).
Trois fois, à la fin des mois de mars, mai, et juin 2020, les techniciens ont attelé la première version du XPower XPS développé par Zasso et commercialisé par le Groupe CNH Industrial sur un tracteur New Holland T4.
Ils sont passés dans une partie de deux parcelles argilo-limoneuses du Vinopôle, à 2,5 ou 3,5 km/h. Le reste du cavaillon a été aussi désherbé soit chimiquement, à l'aide de deux pulvérisations de 1,8 litre par hectare de Tartan XL dosé à 360 g/l de glyphosate, soit mécaniquement par cinq passages d'un intercep Clemens Radius SL à lame.
Dans la première parcelle, le cavaillon avait jusqu'alors été désherbé intensivement au glyphosate. Il présentait peu de mauvaises herbes lors du premier passage en février. Aux deux vitesses testées, le désherbage électrique a empêché plus de 80% des repousses après chaque passage. C'est aussi bien que le désherbage chimique, et mieux que le désherbage mécanique, ce dernier n'ayant éliminé que la partie aérienne des adventices.
Les techniciens ont noté une légère amélioration de l'efficacité pour un passage à 2,5km/h, du fait d'un plus grand temps de contact entre l'électrode et l'adventice.
En 2019, la seconde parcelle avait été travaillée mécaniquement. Elle était davantage couverte par les mauvaises herbes lorsque les techniciens ont démarré leurs essais. 40% des adventices ont repoussé après chaque passage du XPS. Le glyphosate et le désherbage mécanique n'ont pas fait mieux.
A 3,5 kms/h, le XPS a donc permis en moyenne de contenir 70% des mauvaises herbes. Il n'a pas eu la même efficacité sur toutes les espèces. Il a parfaitement éliminé le géranium, le myosotis, ou la véronique. Il a également été utile contre les graminées, le gaillet, le séneçon, ou le plantain. Les plantules de chêne lui ont résisté. « C'est une affaire de conductivité, plus la plante est ligneuse, mieux elle résiste » explique Christophe Gaviglio, qui a piloté les essais. La forme de la plante joue aussi. « Ainsi, le désherbage électrique a eu peu d'impact sur la verveine et l'épilobe qui ont un faible rapport tige sur feuilles » complète-t-il.
Face à ces résultats, l'IFV recommande de déployer le désherbage électrique par anticipation, en démarrant en mars au plus tard, car il n'est pas suffisant pour nettoyer le rang lorsque celui-ci est recouvert de végétation.


Quand les électrodes ont touché des pampres oubliés, ceux-ci sont morts pendant la saison, sans que le reste du cep ne soit endommagé. Les essais n'ont provoqué aucunes brûlure ou dégradation des raisins.
Les populations de vers de terre ont également bien supporté le courant électrique. L'IFV les a décomptées le 23 octobre dernier. Après trois applications du XPS, les techniciens ont compté 250 individus au mètre carré. Ils en ont trouvé 212 après un désherbage au glyphosate et seulement 150 là où était passé l'intercep.
Ils prévoient de refaire des comptages dans le futur pour évaluer l'effet de la technique sur le long terme.