Conflit commercial

La Chine bloquerait les importations australiennes dès ce vendredi

es rumeurs s’inscrivent dans le cadre d’une enquête diligentée depuis le mois d’août par les autorités chinoises qui vise officiellement à déterminer si les vins australiens doivent faire l’objet de mesures anti-dumping et de droits compensatoires. Officieusement, l’initiative fait partie d’un litige commercial entre les deux pays, et découle notamment d’une demande australienne en faveur d’une enquête sur les origines du coronavirus mais aussi de sa position sur Hong Kong. A la fin septembre, le ministère chinois du Commerce (MOFCOM) a sélectionné trois entreprises – Treasury Wine Estates, Casella Wines et Australia Swan Vintage – pour poursuivre l’enquête anti-dumping. A ces trois entreprises s’ajoute Pernod Ricard Winemakers dans le contexte de l’enquête sur les droits compensatoires. Alors que les deux investigations sont toujours en cours, plusieurs importateurs chinois auraient informé leurs clients australiens d’une directive les sommant d’arrêter les importations ce vendredi. Si les autorités chinoises nient cette information, le directeur de l’organisme Australian Grape & Wine, Tony Battaglene, a déclaré au journal australien « Sydney Morning Herald » que « le message systématique qui ressort, c’est que vendredi sera le Jour J… Ce message s’est tellement répandu qu’il paraît trop systématique pour ne pas être pris très au sérieux ».

Annulation des effets positifs de l’ALE

De son côté, dans une interview ce 4 novembre à la radio australienne, le ministre fédéral du Commerce, Simon Birmingham, a expliqué que « les autorités chinoises ont affirmé que ce type de rencontres ordonnant aux entreprises chinoises de ne pas acheter [des produits australiens] n’avaient pas eu lieu. Si c’est le cas, il n’y a aucune raison pour que nos exportateurs voient des perturbations au niveau des échanges en cours… » Un importateur basé à Shanghai a insisté pour sa part sur le fait que les importations de vins en provenance d’Australie avaient augmenté ces derniers temps afin d’anticiper la mise en œuvre éventuelle de droits de douane et que cette augmentation a pu provoquer des perturbations au niveau des ports. En août dernier, la Chine avait annoncé, en effet, qu’elle envisageait d’appliquer plus de 200% de droits aux importations de vins australiens. Une mesure potentiellement dévastatrice pour l’Australie qui a exporté des vins d’une valeur de plus de 1,2 milliard AUD (soit 732 M€) vers la Chine en 2019. Rappelons que depuis janvier 2019, les vins australiens ne subissent aucun droit de douane à l’entrée du territoire chinois, dans le cadre de l’accord de libre-échange conclu entre les deux pays. L’élimination des droits a fortement favorisé la montée en puissance des importations australiennes – la Chine devenant de loin la principale destination des vins australiens à l’exportation – au détriment de celles de la France. L’Australie a également beaucoup profité de la venue de touristes chinois dans ses régions viticoles ces dernières années. Reste à savoir désormais si les rumeurs circulant actuellement se confirment…