ur la campagne 2019-2020, les contrats d’achat vrac des vins de Bordeaux sont tombés à 1,7 million d’hectolitres d’après les statistiques du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB). Soit une baisse de 3 % par rapport aux 1,75 million hl de la déjà petite campagne précédente. « Il s'agit d'un volume historiquement bas qui a largement été pénalisé par le troisième trimestre de la campagne (période correspondante à la crise sanitaire et au confinement) » note un bilan de campagne du CIVB consulté par Vitisphere.
Alors que les six premiers mois de la campagne affichaient un rebond, léger mais continu, par rapport à la campagne 2018-2019 (+66 % en septembre, +30 % en octobre, +21 % en janvier…), cette reprise frémissante s’est grippée dès février (-10 %), avant la forte baisse de mars (-59 %). Si le marché bordelais du vrac reprend quelques couleurs en mai (+6 %), la reprise de juin (+59 %) ne se maintient pas en juillet (-12 %).
Globalement, les plus fortes baisses se font sentir sur les retiraisons en bouteilles (-12 %, avec 877 700 hl), tandis que le vrac reste stable (-1 % à 1,47 million hl). Une tendance à rapprocher des évolutions par appellation, où le niveau de transaction du Bordeaux rouge reste stable, à un niveau plancher, tandis que d’autres appellations enregistrent désormais de fortes baisses. Ainsi, l’AOC Bordeaux rouge se maintient à 746 000 hl, pour un prix de campagne tombant à 1 032 euros le tonneau (mais avec de fortes disparités entre les vins conventionnels, négociés à 982 €/tonneau en moyenne, et ceux certifiés bio, à 2 091 €/tonneau).
Jusqu'alors relativement épargnées, d'autres appellations girondines encaissent la baisse des ventes connues par Bordeaux depuis 18 mois, l'appellation étant plus rapidement sensible au marché. Avec un temps de délai, l'AOC Médoc enregistre ainsi un repli notable (-29 % volume, à 38 600 hl, pour 1 644 €/tonneau), tout comme l’AOC Graves rouge (-25 % à 15 200 hl pour 1 861 €/tonneau), Saint-Émilion (-16 %, à 24 900 hl pour 4 184 €/tonneau), Graves blanc (-9 % pour 4 500 hl à 1 738 €/tonneau)… Mais aussi Sauternes (-28 % à 6 900 hl pour 5 266 €/tonneau).
Alors que les sorties de la propriété s’annoncent historiquement basses en 2019-2020 (avec 3,3 millions hl sur les onze premiers mois de la campagne, soit -6 % par rapport onze mois campagne 2018-2019), le marché reste actuellement morose en cette rentrée. D’après les dernières cotations du Syndicat Régional des Courtiers de Vins et Spiritueux de Bordeaux, le Bordeaux rouge 2019 se négocie actuellement entre 700 et 1 250 €/tonneau, contre 2 000 à 2 200 €/tonneau pour le bio. « Sur un an, les expéditions bordelaises sont en repli de 8 %. Si le recul concerne la plupart des principales destinations, il est principalement conduit par la zone chinoise » note le CIVB, qui souligne une poursuite de la baisse de la valorisation.