l le dit tout net : « C’est un échec. Sur mon secteur, celui du nord de La Brède, la confusion sexuelle ne sert à rien, elle n’est plus efficace » : Jean-François Lespinasse, à la tête de château Bichon Cassignols, à La Brède, en Gironde, certifié Bio depuis 2011, n’y va pas par quatre chemins : il a décidé d’arrêter la confusion sexuelle. Tout avait pourtant bien démarré sur ce vignoble de 12 ha, AOC Graves, implanté dans un environnement suburbain. Sauf que depuis trois ans, la donne a changé. Est-ce dû à un temps chaud, à des vols très étalés ? Il n’empêche, l’utilisation de la confusion sexuelle seule ne suffit plus à venir à bout de la troisième génération. De fait, le viticulteur observe des perforations sur grappes, des œufs, notamment sur les vignes en bordure des chemins plus qu’au centres des parcelles. Il a donc complété avec un traitement autorisé en Bio le Bt, Bacillus Thuringiensis. Rebelote en 2019.
Jean-François Lespinasse a fait les comptes : 250€/ha pour la confusion sexuelle par rack auquel s’ajoutent les frais de mise en place des nouveaux avec enlèvement des anciens. Pour l’insecticide biologique Bacillus Thuringiensis, il faut compter environ 30€/ha le passage auquel vient s’additionner le coût du passage du traitement. Il faut 2 à 3 traitements bien positionnés pour une bonne protection.
Cette année, il a opté pour le principe de diffusion de la phéromone artificielle réalisée par des aérosols et insérés dans un boitier (puffer). Pas suffisant. « J’ai dû faire deux interventions avec du Bt « souligne til. Cette fois, il en est sûr, sur son secteur, la confusion sexuelle n’est plus efficace : « Cet échec ne vient pas de la mauvaise diffusion des phéromones. Nous sommes près des bois, sur une zone urbaine, éclairée la nuit. La concentration et la pression des tordeuses sont très fortes » indique til. Autre explication : « Les mâles ont peut-être trouvé une autre parade pour se rapprocher des femelles" souligne-t-il.
Jean-François Lespinasse, se veut philosophe et répète que "travailler avec des solutions alternatives qui protègent l’environnement passe aussi par des échecs ».
Reste que la problématique n’est pas nouvelle : « On arrive à encadrer la troisième génération mais en utilisant des BT et du spinosad. Ce qui signifie un coût financier important pour le viticulteur. C’est une vraie problématique « indique Stephane Becquet, animateur conseil en vinification Vignerons Bio de la nouvelle Aquitaine.
Marie-Charlotte Michaud, conseillère viticole de la chambre d’agriculture de la Gironde, dans le Blayais, ne dit pas autre chose : « Quand la pression des tordeuses est trop forte, je conseille du Bt et du Spinosad. Cela représente un coût non négligeable pour les viticulteurs qui n’aiment pas trop s’exprimer la dessus « lâche-t-elle.