n a longtemps considéré que le vin chinois dominait le marché intérieur, puisqu'il représentait au moins 70 % des vins consommés, avec comme acteurs majeurs les deux plus grands producteurs du pays, Changyu Pioneer Wine Company et Greatwall. Mais la situation semble avoir évolué, du moins selon l'association officielle du commerce chinois des boissons. Le dernier rapport publié par l'Association chinoise des boissons alcoolisées (CADA) montre que l'écart entre le vin chinois et le vin importé s’amenuise, du moins en termes de volume, et qu’en réalité ce dernier est le plus consommé. Le rapport, diffusé ce mois-ci lors de la réunion du conseil d’administration de la CADA, indique que le volume de vin importé et la production nationale de vin ont tous deux chuté d'environ 10 % l'année dernière.
Toutefois, toujours selon l’association, les vins importés conservent leur avantage sur les vins produits localement, puisqu'ils détiennent environ 60 % de part de marché en volume, contre 40 % pour les vins chinois. Le rapport n'explique pas comment la CADA est arrivée à cette conclusion, mais il semblerait que ces pourcentages soient basés sur les données publiées par l'association, qui a comparé la production nationale de vin l'année dernière (4,51 millions d'hectolitres) et le volume de vin importé en Chine (6,12 millions hl). L’année dernière, la production nationale a subi sa chute la plus importante, passant de 11,61 millions hl en 2015 à 4,51 millions hl en 2019. En cause : les entreprises vinicoles chinoises ont de plus en plus de mal à générer des bénéfices (cliquer ici pour en savoir plus).
Comme nous l'avons déjà indiqué, les vins importés n'ont pas non plus été très performants l'année dernière, en raison du ralentissement économique et de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine. Il n’empêche qu’en termes de volume et de valeur, les vins importés ont suivi une trajectoire annuelle à la hausse au cours des cinq dernières années, pour une croissance moyenne de 4,8 % en valeur, note l'association. Cette courbe est plutôt de bon augure pour les caves étrangères qui cherchent à s’implanter en Chine.
L’impact de la pandémie sur la dynamique de consommation entre le vin chinois et le vin importé reste difficile à déterminer, mais il va sans dire que la consommation de vin dans les deux catégories va accuser une forte baisse. Le chef de cave du Château Junding dans le Shandong Penglai, Shao Xuedong, s'est exprimé lors de cette réunion de la CADA, déplorant qu’au cours du premier semestre 2020 ses ventes n'aient pas dépassé 20 % de celles enregistrées l’année dernière à pareille époque. Yang Huafeng, le directeur général de la cave de Xinjiang Xiangdu, a ajouté que les ventes de ses vins ont chuté de 30 à 50 % entre janvier et juin, tandis que les bénéfices ont encore diminué suite à la baisse des prix et à la hausse des coûts de production.