La capacité industrielle de production d’interceps est proche de la saturation à trois mois ». Voilà entre autres informations ce qui ressort aujourd’hui de l’étude commandée par l’Anses et par le ministère de l’Agriculture à Axema. De mars à mai 2020, le syndicat des constructeurs a interrogé 69 sociétés européennes identifiées comme fournisseurs d’interceps pour la viticulture et l’arboriculture en France. Le but est d’évaluer la capacité industrielle de la filière des agroéquipements à assurer, en remplacement du glyphosate, des modes de désherbage alternatifs mécaniques. Le résultat est sans appel : « une phase de transition de 5 ans minimum serait nécessaire, à compter d’une éventuelle décision de fin d’autorisation du glyphosate, pour permettre aux industriels et aux agriculteurs de s’organiser au niveau économique, technique et industriel », conclue Axema.
Pourquoi un tel délai ? Tout d’abord pour des raisons industrielles, avance Axema. « La capacité de production des entreprises du secteur des agroéquipements étant actuellement à saturation. La production actuelle est estimée à 3.600 unités par an pour l’ensemble du marché pour un taux d’équipement en matériel de désherbage sous le rang de 10%. A très court terme (3 à 6 mois) une augmentation de la production est inenvisageable. Même en multipliant la production par 2 ou 3, il faudrait selon nos calculs au moins 5 ans à partir de la date de suppression éventuelle du glyphosate pour équiper l’ensemble des exploitations viticoles et arboricoles françaises, au nombre de 50 000 », confirme Frédéric Martin, Président d’Axema.
Plus précisément, l’étude identifie deux freins principaux qui empêchent les entreprises, principalement des TPE/PME, de changer d’échelle de production plus rapidement : le manque de fonds propres qui ne permet pas de financer à court terme une augmentation significative des capacités de production et les difficultés de recrutement de personnel pour la production et la vente. En outre, l’étude d’Axema souligne que les utilisateurs finaux ont besoin d’être formés aux nouvelles techniques et équipements de désherbage, d’être conseillés dans leur choix d’équipements et rassurés sur la qualité et l’efficience des outils, via des dispositifs tels que des guides, des labels, etc. Axema révèle également une inquiétude sur la réelle capacité financière des viticulteurs et arboriculteurs à pouvoir investir dans ces outils, dont les prix varient en moyenne entre 2 000 € et 10.000€ pour les principaux.
Axema identifie 4 leviers principaux à activer pour accompagner de manière efficiente la transition et permettre aux industriels et aux agriculteurs de s’organiser :
- Accompagner le tissu industriel national. « Dans les circonstances actuelles, les entreprises devront nouer des partenariats industriels pour développer la production via une sous-traitance en France ou à l’étranger, ou s’adosser à un groupe industriel plus puissant, disposant des outils de production ou des moyens financiers pour réaliser leur ambition de transition. Une troisième voie consisterait en un regroupement des acteurs du marché par fusions-acquisitions » écrit Axema.
- Encourager l’attractivité de la filière industrielle pour stimuler les embauches d’emplois qualifiés. « Cela pourrait passer par la création et le soutien d’un statut d’embauche aidée « Emploi agro-éco responsable » pour toute augmentation nette d’effectif sur les périmètres R&D, production, formation et mise en marché ».
- Créer un label d’efficacité « Performance Technique » pour tous ces équipements alternatifs.
- Accompagner et former les utilisateurs finaux. « Le label d’efficacité doit s’accompagner d’un volet obligatoire de formation, l’équipement en matériel seul n’est pas suffisant pour un bon usage, selon les industriels ».