e torchon brûle entre la Corporation Vitivinicola Argentina (Coviar), organisme semi public créé en 2003 pour mener à bien un plan stratégique de la filière vitivinicole argentine, et plusieurs structures professionnelles qui refusent de payer l’augmentation de 30% de la cotisation obligatoire destinée à financer la Coviar et un nouveau plan. Elles pointent une mauvaise utilisation de fonds publics mais surtout un constat d’échec du plan stratégique PEVI 2020. « Il s’agit du premier plan stratégique dont dispose le secteur », a rappelé la présidente de Bodegas de Argentina, Patricia Ortiz. « Un plan ambitieux et excessivement long qui a connu de graves échecs de mise en œuvre et n’a pas fait l’objet des révisions ou des modifications que tout plan devrait connaître pour s’adapter aux exigences et aux changements d’un monde globalisé ». Instauré en 2003, le plan stratégique arrive à échéance en 2020 sur plusieurs constats d’échec. Son objectif de départ était triple : l’augmentation des exportations, l’amélioration des ventes sur le marché intérieur et une plus grande implication des producteurs. Or, comme le font valoir ses nombreux détracteurs, la consommation de vin par habitant n’a cessé de diminuer, les exportations n’ont pas évolué comme prévu et le secteur traverse une période très difficile. Ajoutons à cela, l’arrivée à la tête de l’organisation il y quelques mois d’une personnalité qui ne fait pas l’unanimité, José Zuccardi. C’était la goutte qui a fait déborder le vase.
« Nous ne sommes pas d’accord avec la récente augmentation et la paiement de la contribution obligatoire à la Corporation Vitivinicola Argentina, dont le but est de financer un plan stratégique non convenu pour les dix prochaines années, dans un contexte mondial absolument imprévisible », dénoncent 262 représentants d’entreprises et non des moindres* dans un document présenté début juin au ministre de l’Agriculture, Luis Basterra. « Le PEVI, loin de remplir ses objectifs ambitieux, nous a conduits à une grave crise », poursuit Patricia Ortiz. Au final, seuls 25% des ressources étaient destinées à la promotion des vins argentins à l’exportation, ont affirmé les structures professionnelles, contre 26% pour la gestion et la promotion de la Coviar elle-même. Le moment était mal choisi pour augmenter les cotisations dans de telles proportions : en dehors des difficultés économiques majeures que connaît l’Argentine depuis de nombreuses années, avec des taux d’inflation à deux chiffres, la pandémie du Covid-19 a entraîné une chute brutale des ventes de vins sur le marché intérieur et extérieur. Dans ce contexte difficile, les différentes structures opposées à la Coviar demandent l’augmentation des restitutions à l’exportation, la réduction de la TVA pour tenter de faire remonter la consommation domestique, la baisse du poids fiscal qui pèse sur les entreprises et différentes initiatives pour favoriser les exportations. « Nous sommes le premier pays viticole qui exporte le moins proportionnellement à sa production et celui qui a le moins investi dans la promotion de ses vins à l'étranger », déplore la présidente de Bodegas de Argentina, qui appelle de ses vœux la création d’un comité de liaison fédérant l’ensemble des représentants de la profession. « Nous devons doubler nos exportations et grâce à cela, tous les producteurs pourront obtenir un juste retour de leurs efforts et toutes les caves amélioreront leur rentabilité. Tant qu'il n'y aura pas de marchés, la filière vitivinicole va continuer à s’effondrer ».
*Parmi les 262 signataires, citons: Bodegas Esmeralda S.A. (Catena Zapata), Bodegas Nieto Senetiner, Bodega Trapiche, Pernod Ricard - Bodega Etchart, Bodega Santa Ana, Bodega Norton S.A, Domaine Jean Bousquet….