ans le Vaucluse, à Saillans, Stéphane Point n’avait jamais vu autant d’escargots. « Le 15 mai, j’en ai ramassé 50 kgs, des petit-gris (Helix aspersa), sur 80 ares de mourvèdre et de grenache », rapporte-t-il. Les escargots ont d’abord ravagé la parcelle de syrah de son voisin. « Elle était entièrement désherbée mais comme les feuilles de syrah sont tendres, c’est elle qui a été ciblée en premier ».
Chez son voisin, la récolte est amputée à plus de 80%. « Quand il est rentré dans ses vignes, il a d’abord cru à des dégâts de grêle. Les escargots sont montés par deux ou par trois sur les tiges et les ont sectionnées. Il ne reste presque plus rien sur les pieds. La technicienne de Rhonéa est passée nous voir, elle non plus n’avait jamais vu ça » détaille Stéphane Point.
En nombre et en grande forme après un hiver et un printemps parmi les plus chauds enregistrés, les escargots ont profité des épisodes pluvieux pour investir les ceps.


« Je ne veux pas utiliser d’anti-limace, mais je vais me montrer très vigilant, surtout s’il pleut de nouveau cet été, car cette semaine j’ai vu plein d’Å“ufs dans l’herbe entre mes rangs » prévient Stéphane Point. Le viticulteur n’a pas connaissance d’autres cas dans son secteur, « en revanche on a entendu parler de dégâts dans le Gard et dans l’Hérault. »
Effectivement, au matin du 9 mai, à Montady (34), la vigneronne Emilie Faucheron a filmé de nombreux escargots blancs (Theba pisana) dans un rang de bord de route de la parcelle d’un confrère. La vidéo est parlante. Les gastéropodes ont mangé les pampres et attaqué toutes les feuilles. Il reste les grappes. « Mais sans les feuilles pour réaliser la photosynthèse, elles ne pourront pas arriver à maturité » explique Emilie Faucheron. « Autre problème, la vigne va s’épuiser à refaire des jeunes feuilles, dont les escargots sont les plus friands. Et cet été, lorsqu’il va faire chaud, les grappes ne seront pas protégées par la végétation. »
Ses vignes ont quant à elle été épargnées. La vigneronne a réussi à contenir les populations en les appâtant avec les granulés de biocontrôle IronMax de De Sangosse dès février, en témoigne cette autre vidéo.
Plus à l’ouest, dans le Roussillon, des escargots ont pullulé dans deux parcelles dans la plaine au nord du Tech dès la fin du mois d’avril. « Ils ont tout mangé, c’était impressionnant. Nous avons alerté les viticulteurs via le Bulletin de Santé du Végétal et n’avons heureusement depuis pas eu connaissance de nouveaux cas dans le secteur », rapporte Marc Guisset, de la Chambre d’Agriculture des Pyrénées-Orientales.
Ce weekend, Marc Vergnes a quant à lui encore observé des pieds couverts d’escargots blancs sur une parcelle en Charente-Maritime, avec des dégâts sur feuilles et sur jeunes pousses. « Mais a priori c’est aussi un cas isolé » tempère ce chercheur à l’Institut Français de la Vigne et du Vin.
En mars, l’Observatoire anti-limace De Sangosse faisait état de la présence d'escargots dans les trois quarts de la centaine des piégeurs installés dans les vignobles de l’Ouest et du Sud de la France. « Avec des températures moyennes supérieures de 2 à 3 °C, l’hiver 2019-2020 est le plus chaud depuis le début du XXe siècle. Cette augmentation des températures a des conséquences directes sur l’activité des escargots ainsi que sur le cycle de la vigne. La plus grande prudence est de mise dans les parcelles à risques. Par ailleurs, les sols gorgés d’eau et les températures douces vont maintenir un climat favorable à l’activité des escargots. Si cela n’a pas déjà été fait, il est urgent de commencer ou renouveler des protections avant que les escargots ne montent dans les ceps et avant que la vigne débourre » prévenaient alors les techniciens du réseau.