ntre la publication fin 2019 de l’arrêté sur les Zones de Non Traitement (ZNT) et l’approche des élections municipales (15 et 22 mars prochains), les éléments d’un cocktail explosif sont réunis dans le vignoble ce début d’année 2020. Après les arrêtés antipesticides pris par des maires et les rédaction de chartes riverains, la filière vin peut raisonnablement craindre des débats moins techniques que polémiques stigmatisant ses pratiques de protection des cultures. Si les éléments semblent inexorablement posés d’avance, les situations locales sont toujours sources de surprises et de complexité supplémentaire. En témoigne la polémique rapportée par FranceBleu Gironde sur « la construction d’une école près des vignes s’invite dans la campagne municipale » de la commune de La Lande-de-Fronsac, qui oppose deux viticulteurs, également adversaires sur des listes électorale concurrentes.
En cours de construction, l’agrandissement de l’école maternelle arrive à quelques mètres à peine d’une parcelle du domaine du Rouyet (22 hectares de vignes sur la commune). Avec exactement 8 mètres qui séparent la limite de propriété des premiers piquets selon la mesure du vigneron, Stéphane Etourneaud. « Je ne suis pas contre la construction de l’école, mais contre cet emplacement. Je me trouve coincé à cause des nouvelles ZNT qui imposent 10 mètres [de distance de sécurité] » reproche l’exploitant, soulignant que le projet scolaire aurait dû être décalé et ne pas peser sur sa parcelle de 1,5 ha.


« Je n’ai pas envie de polémiquer et de monter en épingle un sujet de propagande électorale » répond d’entrée le maire Jean Galand (sans étiquette, également conseiller départemental PS). Rappelant être lui-même viticulteur (châteaux Galand et Canon), il indique que Stéphane Etourneaud « a lancé les hostilités alors qu’il est sur une liste électorale adverse ». Colistier d’un candidat à la mairie de la Lande de Fronsac, Stéphane Etourneaud balaie toute accusation d’instrumentalisation : « ça n’a rien à voir. On peut toujours extrapoler, mais le sujet est juste mal tombé, je ne veux pas en faire une histoire. »
Si les deux viticulteurs ne veulent pas polémiquer, il apparaît que les tensions sont désormais vives, notamment sur les réseaux sociaux. Et ce malgré un passé pour le moins apaisé. « Il n’y a jamais eu de problème. Jusqu’à présent, [Stéphane Etourneaud] traitait le mercredi, quand les enfants sont absents » rapporte Jean Galand, soulignant que « l’équipe adverse a posé la première pierre [le 11 janvier], il n’avait pas de souci à l’époque ». Le maire s’appuyant sur une publication Facebook de la liste Nouveau Souffle pour La Lande, qui indique cependant que « la nouvelle école maternelle va être accolée à une exploitation viticole. […] Consulter les citoyens et le voisinage [sur le sujet de la protection des riverains] avant d’entamer un tel projet aurait été pertinent... »
Qu'il s'agisse de l'école ou des parents d'élèves, « je n’ai jamais eu de problème » confirme Stéphane Etourneaux, précisant qu’avant même que la protection des écoles soit un sujet d’actualité, il traitait le matin de bonne heure et vient d’investir dans un pulvérisateur face par face à jet porté équipés de buses à injection d'air. Ne souhaitant pas reculer ses vignes face à l’impératif de ZNT, Stéphane Etourneaud n’envisage qu’une solution à la polémique actuelle : « que l’on me signe un papier m’indiquant que je n’aurai pas de problème si je respecte des bonnes pratiques et cela me va. Je ne suis pas là pour empoisonner des enfants. »