our répondre aux craintes sociétales sur l’exposition aux pesticides des riverains et passants, les plantations de haies se généralisent dans le vignoble français pour cloisonner les activités viticoles. Sur l’aire d’appellation Monbazillac*, un collectif d’une vingtaine de vignerons fait le pari de recréer du lien avec le grand public en plantant 700 à 800 arbres fruitiers l’automne prochain. « Aujourd’hui, nous sommes tous dans la volonté de dialogue et d’écoute de l’autre. Mais on n’avancera ensemble que si l’on recrée du lien. Et peut-on mieux créer du lien qu’en offrant un cadeau ? » demande le vigneron Anthony Castaing (domaine de Grange Neuve, à Pomport).
Pour les porteurs du projet, planter un arbuste tient moins de l’outil de production fruit que de mise en relation par leur biais. Si ces arbres doivent seront un vecteur de biodiversité aux abords des parcelles (sans traitements comme il s’agira d’espèces rustiques), leurs fruits pourront surtout être cueillis gratuitement (avec un site internet les géolocalisant pour les trouver). Ce qui donnera aux passants et riverains l’occasion de rentrer en contact avec le vigneron propriétaire de la parcelle (grâce à un panneau « servez-vous » au contenu pédagogique personnalisé).
« Le projet est moins agronomique que social » résume Cécile Lelabousse, chargée de mission environnement à l’Interprofession des Vins de Bergerac et Duras (IVBD) et animatrice de la Fabrique des Transitions (laboratoire d’initiative territoriale du projet Vitirev). S’inscrivant dans les démarches locales de vivre-ensemble, cette initiative doit aboutir à la plantation de 700 à 800 arbres selon le succès de l’appel à candidature des vignerons volontaires. Financé par le budget participatif du département de Dordogne, le projet pourrait se faire en plusieurs étapes si les demandes dépassent l’enveloppe actuelle de 36 000 euros.
« Nous avons déjà beaucoup d’intérêt à Monbazillac. J’espère que tous les vignerons seront volontaires. Dans le contexte d’agribashing actuel, où le voisin vigneron est toujours montré du doigt sans que l’on sache toujours ce qu’il fait sur son exploitation, on a trouvé un moyen pour montrer que l’on n’est pas isolés » souligne Anthony Castaing.
Une fois les vignerons candidats connus, le choix des essences sera mené avec des spécialistes. Les parcelles seront ensuite sélectionnées, puis les modalités de plantation définies et des panneaux pédagogiques réalisés avant les plantations. Les premiers fruits ne sont pas attendus avant cinq ans, pour une pleine production dans dix années.
* : Soit cinq communes de Dordogne (Colombier, Monbazillac, Pomport, Rouffignac de Sigoulès et Saint Laurent des Vignes).