u 22 au 25 octobre sur le salon Vinexpo de Shanghai, les Chinois trônaient à l’entrée du salon avec les immenses stands de vin et baijiu nationaux. Mais les Français compensaient avec un tiers des 260 stands, dont une majorité de Bordeaux. Les grands négociants comme CVBG Grands Grands Crus, Joanne ou Borie-Manoux, mais aussi nombre de châteaux et négociants plus modestes. L’AANA, Agence de l’Alimentation Nouvelle Aquitaine en avait regroupé une quinzaine. Château Haut Guillebot était de ceux-là avec sa gérante Marie-Christine Renier Labouille. Elle a 57 ha de bordeaux supérieur et d’entre-deux-mers à vendre et vient en Chine pour finaliser un accord avec un importateur : « je viens en Chine depuis 2007, mais ici les commandes ne se renouvellent pas forcément, il faut chercher continuellement ».


La question du prix est prégnante : « J’ai de bons retours sur les vins, mais ils tiquent sur les prix » explique Cynthia Guillemot, responsable commerciale de Château Grand Français, qui découvre la Chine dans la section WOW, World of Organic Wines mais poursuit « C’est faux de dire que le bio ne les intéresse pas ». Philippe Bechart, du Château Les Graves de Viaud en côtes-de-bourg est plus modéré : « Les Chinois sont curieux, mais ça ne fait pas encore de différence pour vendre ». Il va donc ouvrir un « WeChat shop» pour vendre en direct en ligne. Christophe Fortin, responsable export du négociant Lamartine, confirme le manque de marge de manoeuvre « Le bordeaux nous sert à mettre le pied dans la porte, il faut vendre des vins plus chers pour gagner de l’argent ». Pour les châteaux Ramage-La-Batisse et Belcier (haut-médoc et côtes-de-castillon), la Chine est cliente depuis vingt ans mais « il faut être présent, toujours trouver de nouveaux interlocuteurs et pouvoir donner des exclusivités avec des étiquettes différentes » dit Hélène Durand qui ne se laisse pas démonter : « Quand ils disent trop cher, je réponds que les vins sont bons, la qualité suivie, qu’ils sont médaillés et que je suis seule à proposer des 2009 ou 2010 ».
Les marques bien établies, travaillées et suivies sont moins sensibles à la pression du prix. Barbara Sartor vice-présidente du négoce Best Wines Bordeaux n’est pas inquiète « Ils bradent à Hong Kong mais nous maintenons nos prix. Les Chinois cherchent les grands noms, mais ils n’ont pas d’apriori sur les millésimes comme aux Etats-Unis ». Pierrick Fayoux, récente recrue chez Bernard Magrez, à la tête du développement export Chine, est optimiste : « Nous sommes en croissance en volume et en valeur, nous faisons évoluer la gamme vers le haut, le vin le moins cher est monté d’un euro en deux ans ». Bernard Magrez est connu, sa photo est sur les contre-étiquettes et il y a neuf personnes qui font l’aller-retour entre Bordeaux et la Chine toute l’année.