tupéfaction dans l’ensemble du vignoble français. A Bordeaux, l’un de ses plus éminents membres, l’une de ses élites, vient d’écoper d’une condamnation significative (6 mois de prison avec sursis et 30 000 euros d’amende, dont 20 000 € avec sursis) pour fraudes et tromperies concernant 5 900 hectolitres de vin pour 1,37 million € de chiffre d’affaires (entre 2010 et 2014, d’après les contrôles la Direccte). Voulu exemplaire par le Tribunal de Grande Instance de Bordeaux, ce jugement sanctionne autant les infractions que les mandats du vigneron condamné. Celui-ci ayant, notamment, présidé à l’époque l’organisme de contrôle des appellations bordelaises (Qualibordeaux) et présidant actuellement la Fédération des Grands Vins de Bordeaux (FGVB, qui réunit tous les syndicats viticoles girondins et ne s’était pas portée partie-civile dans cette procédure).
Alors que le nom de ce vigneron était proposé par le comité Bordeaux Aquitaine pour siéger au prochain conseil spécialisé vins de FranceAgriMer, les élus du reste du vignoble national sont dans l’expectative. Interloqués par cette situation tout bonnement inédite. Si le principal intéressé ne souhaite pas communiquer sur ses intentions, qu’il s’agisse d’un possible appel ou du devenir de ses mandats, on sent le regard noir de représentants de la filière bordelaise sur les médias, dont Vitisphere, qui ont publié des informations sur l’affaire. Avec l’accusation sous-jacente de ternir l’image des vins de Bordeaux quand leurs marchés sont déjà très difficiles. « Ambasciator non porta pena » : quand la nouvelle est mauvaise, on ne blâme pas le messager disent les Italiens.
Et qu'en dit-on dans le vignoble girondin ? D’après les premiers retours, on oscille entre les réactions abasourdies par l’éclatement d’une telle affaire à un tel niveau et les critiques scandalisées par des condamnations jugées trop faibles par rapport à l’ampleur des infractions et des mandats. Nul doute que cette affaire va continuer à animer les esprits, et les discussions. La conformité aux cahiers des charges administratives étant plus qu’un critère d’exemplarité, mais de valeur ajoutée pour les signes de qualité du vignoble français dans un marché à l’offre et à la demande mondialisées.