’est un signe qui ne trompe pas : les achats de châteaux chinois ne font plus la une à Bordeaux. « On est passé de 20 à 5 transactions par an » résume Charles Traonouëz, associé du cabinet bordelais de conseil en fusions acquisitions Medicis Partners. Qui vient de publier une étude comptabilisant 153 acquisitions d’investisseurs chinois (incluant Hong-Kong, Macao et Taïwan) depuis 1984 (d’après les ventes réalisées par le cabinet, le suivi des articles de presse et l’ouvrage de référence Le Vin, le rouge, la Chine de Laurence Lemaire). Faisant état d’un pic de 35 achats recensés pendant l’année 2013, ces investissements ont chuté depuis, en parallèle de la normalisation des importations chinoises de vin, qui ont marqué un net repli l’an passé.
« Il y a besoin de faire une pause » souligne Charles Traonouëz, pour qui « les investisseurs chinois restent toujours aussi enthousiastes, mais ils sont pragmatiques. S’ils trouvent un actif plus rémunérateur, comme le whisky, ils zappent. Ils souhaitent souvent faire rapidement de l’argent, ce qui est incompatible avec le vin. » Pour l’expert, la baisse des investissements ne s’explique qu’en partie par la chute des importations bordelaises. Son étude souligne que depuis le durcissement gouvernemental du contrôle des changes en Chine, à la fin 2017, il est plus difficile pour les entreprises et fortunes de sortir des fonds pour investir.
« Il y a aussi eu des retours d’expérience négatifs, avec des erreurs de casting. Les investisseurs chinois ont une défiance pour les managers occidentaux et sont rassurés par un responsable qui parle leur langue et partage leur culture. Même s’il n’a pas le bagage technique ou l’habitude de la place de Bordeaux » note Charles Traonouëz, qui reconnaît également l’attractivité des wineries australiennes (notamment de Barossa), plus proches de Chine et plus prometteuses avec leur accord de libre-échange.