ui dit vignes propres, ne dit pas forcément glypho ! Les outils portés à disques ont fait le show et soulevé la poussière ce mercredi 15 mai après-midi à Cavanac, près de Carcassonne. Pour recevoir cette démonstration, la parcelle choisie est au coeur de l’aire audoise de 175 000 ha du captage prioritaire pour l’eau potable de Maquens, alimentant la région de Carcassonne. C’est la Chambre d’agriculture de l’Aude avec la fédération régionale de Cuma qui sont à l’origine de l’initiative de ce test. L’objectif est de faire la démonstration de l’efficacité de ces « pulvérisateurs » à disques pour la destruction des adventices installées dans les inter-rangs. La problématique est multiple : diminuer les herbicides, et proposer une alternative aux outils à dents, moins rapides, à effort de traction plus élevé et susceptibles d’accélérer l’érosion des sols. Cinq constructeurs ont répondu à l’appel et sont parfois représentés par des distributeurs. Dans l’ordre des présentations, les modèles et marques sont Vinidisc de Jean de Bru, Disc-o-Vigne d’Agrisem, Discosol de Ferrand, Culti-disque de Gely et Cultibio d'Aguilera (photos ci-dessous).
Par un gros « vent d’Espagne », un grand soleil, 22°C, un sol argilo-limoneux peu caillouteux et sec, les conditions pour la démonstration sont idéales. C’est donc parti pour la démo. Chaque machine n’exécute qu’un seul aller-retour. La première bande est effectuée en progressant dans une légère pente non travaillée et couverte d’adventices. C’est la partie difficile car le sol est aussi très dur. La seconde a reçu un travail du sol de la part du viticulteur, Jean-Pierre Gouzy, à la mi-avril. Cette bande de sol est plus légère et aérée, plus facile à travailler et avec peu d’adventices. Les tracteurs ont d’autant moins de difficultés qu’ils descendent la pente. La vitesse demandée doit correspondre à celle habituellement réalisée pour déchaumer, soit de 9 à 12 km/h. Chaque participant a bénéficié d’un temps en matinée pour procéder au réglage de sa machine, avec la consigne de déchaumer superficiellement. Presque la routine.
Mais voilà , au final, les constructeurs se sont donné quelques libertés, et ont pris des risques. Les réglages se révèlent être très différents d’une machine à une autre, notamment en ce qui concerne la profondeur de travail. Un seul fera le travail superficiel demandé, entre 2 et 8 cm de profondeur. Les autres vont « chercher le pétrole ». Difficile donc de juger. A part satisfaire l’éventuelle curiosité de viticulteurs venus voir un outil à disques capable de travailler en profondeur, il y a peu d’intérêt agronomique à faire passer des dents à 15-20 cm et des disques à 12-15 cm de profondeur. Les vitesses de travail ont été tenues et ont vraisemblablement varié entre environ 7 et 13 km/h. Un avantage comparé aux outils à dents qui prennent souvent plus de temps, mais dont l’objectif de travail et d’aération et d’émiettement du sol peut différer. La configuration des machines était aussi légèrement différente, avec systématiquement 2 rangées de disques mais montés en X ou en V. Toutes possèdent à l’avant de 2 à 3 dents devant décompacter, à minima pour le passage des roues. Les résultats sont disparates aussi à cet égard. Car ces dents travaillaient souvent trop en profondeur et certains disques n’ont fait que chatouiller la surface. L’un des rouleaux était aussi trop étroit. Mais le principal est fait : les inter rangs sont débarrassés des adventices, tout comme les rangs le sont grâce à l’herbicide. Les profils laissés sont par contre moins satisfaisants. En surface, les passages sont beaucoup trop motteux et parfois même trop de terre a été enlevé sur les bords extérieurs en lissant aussi la bordure du cavaillon. Pour aller plus loin et caractériser finement l’efficacité de chaque outil sur le profil, il aurait fallu avoir sous la main la pioche et prendre le temps de dégager la terre sur la bande travaillée.
Malgré tout, chacun a pu se faire son idée. Et moyennant une dépense variant pour les modèles du jour entre 6900 et 9500 euros, les viticulteurs imagineront peut-être l’outil sous le hangar. Pour l’heure, c’est un difficile retour à la réalité qui les attend. De bonne averses de pluies sont annoncées pour vendredi 17 mai et moins de 100 mm sont tombés depuis début janvier. Très peu de traitements anti-mildiou ont été réalisés. Et puis il y a de l’ébourgeonnage et du relevage au programme. Les viticulteurs ne trainent pas. La douce mélodie des déchaumeurs les fait repartir au travail des disques plein la tête.
Jean de Bru Vinidisc
Agrisem Disc-o-Vigne
Ferrand Discosol
Gely Culti Disque
Bernardoni Culti.Bio