menu burger
Lire la vigne en epaper Magazine
Accueil / Viticulture / L’enherbement n’est pas l’ennemi du rendement
L’enherbement n’est pas l’ennemi du rendement
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin

Arrêt du glyphosate
L’enherbement n’est pas l’ennemi du rendement

Au cours d’une journée technique sur la viticulture biologique, la possibilité d’arrêter les herbicides s’est affirmée, à la condition de prendre le temps de s’adapter il faut juste s’adapter, faute de solution miracle
Par Alexandre Abellan Le 28 février 2019
article payant Article réservé aux abonnés Je m'abonne
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin
L’enherbement n’est pas l’ennemi du rendement
P

our enherber ses parcelles viticoles, « aujourd’hui, les freins sont plus psychologiques, et esthétiques, que techniques » pose Loreleï Cazenave, technicienne vignoble à la Chambre d’Agriculture de Gironde (CA33), ce 21 février au lycée viticole de Montagne. Prêchant des vignerons convaincus, pour ne pas dire convertis, lors des journées techniques vigne et vin bio, la chercheuse a présenté les premiers résultats du projet de recherche Vertigo (financé par l’interprofession des vins de Bordeaux depuis 2013, en cours jusqu’en 2020).

Se penchant sur la gestion de la couverture végétale dans l’espace et le temps, l’étude suit douze parcelles en Gironde et en Dordogne : sept conventionnels, quatre bio et une conversion. Avec trente pieds répartis sur trois inter-rangs par modalités : témoin des pratiques du vigneron et essais adaptant des pratiques alternatives. Soit une mise en place d’engrais verts hivernaux (avec des semis dépendant des sols), une gestion extensive des couverts (avec un travail mécanique peu fréquent, avec des tontes peu rases), des apports d’amendements organiques restructurants (jusqu’à 30 tonnes par hectare pour les sols dégradés) et le déploiement d’alternatives aux herbicides sous le rang (avec le travail du sol).

Résultats concrets

Pour illustrer les effets de ces pratiques, Loreleï Cazenave a présenté les performances mesurées sur deux parcelles de 2014 a 2018. Le premier vignoble suivi est situé en appellation Blaye Côtes de Bordeaux, il s’agit d’une parcelle bio où le semis a été adapté au sol argilo-calcaire (moutarde), à son faible rendement (pois et féverole) et son déficit en matière organique (chiendent rampant, puis avoine). L’enherbement est entretenu avec un passage de lames interceps (quatre fois par an) associé à une tondeuse (deux fois par an), puis détruit au broyeur à marteaux. En termes de résultats, ces pratiques ont conduit à une augmentation significative du rendement. Si la modalité témoin reste stable (avec 800 grammes de raisins par ceps en moyenne), les rangs cultivés selon les pratiques alternatives les dépassent (passant de 600 g à plus d’un kilos entre 2014 et 2018).

L’autre vignoble présenté par Loreleï Cazenave se situe sur la commune de Naujan, en appellation Bordeaux rouge. Conventionnelle, cette parcelle a un fort historique d’herbicides sous le rang (avec une problématique d’inversion de flore). Le semis y a été adapté au sol argileux limono-calcaire (radis chinois), à sa faible vigueur (trèfles) et son déficit en matière organique (avoine). L’enherbement a été tondu avec des interceps à déplacement hydraulique (deux fois par an) , puis détruit au broyeur à marteaux. Alors que les pieds témoins affichent les premières années (2015 et 2016) un rendement nettement supérieur à ceux en pratiques alternatives (respectivement 3,9 et 3,2 kg/pied en 2016), la tendance s’inverse, avec une augmentation significative pour les pratiques alternatives en 2018 (1,3 et 1,5 kg/pied en 2018). Sur cette parcelle, la vigueur se rééquilibre également, avec des écarts se réduisant. Pour les deux parcelles, les sols apparaissent plus actifs et structurés.

Transition progressive

« Se passer des herbicides, c’est possible mais cela demande une transition progressive » résume Loreleï Cazenave, qui souligne qu’il n’y a pas de solution universelle ou toute faite pour réussir à se passer de glyphosate. « Les agrosystèmes sont complexes : on n’est plus dans la viticulture d’intrants, mais de l’interaction biologique » renchérit Maxime Christen, consultant viticole indépendant à Bordeaux, pour qui « la gestion des sols est une évolution indispensable pour la transition écologique ».

Concrètement, en termes de choix d’implantation des couverts*, « les bonnes questions à se poser sont la situation de la parcelle, le type de sol, la diminution de la vigueur souhaitée (ou supportable), les objectifs quantitatifs (le rendement) et qualitatifs (le profil du vin) » pose Éric Maille, technicien viticole pour AgroBio Périgord. Pour l’expert de l’enherbement, la stratégie de semis doit se réfléchir par îlots de parcelles homogènes : « il n’y a pas aberration d’avoir 8 à 10 mélanges différents sur un domaine selon sa diversité des sols ». Ces questionnements au cas par cas se retrouve pour toutes les pratiques d’entretiens du sol. Par exemple pour la tonte, où le maintien du couvert doit être arbitré avec le risque de maladies (mildiou/botrytis) et la gêne à la pulvérisation (effet splash). « À chaque vigneron de trouver son équilibre, souvent la non-intervention est la meilleure solution. Mais il est difficile de ne pas intervenir… » reconnaît Éric Maille.

Adaptations

Au-delà des réflexions, passer à l’enherbement « va demander des adaptations. Par exemple des densités de plantation, qui est un frein en Graves et en Médoc. Il faudra également s’orienter vers des choix de matériaux végétaux plus vigoureux pour réduire les concurrences en eau et azote » conclut Loreleï Cazenave.

 

* : « Les couverts sont des plantes spontanées et/ou semés restant en place plus d’un an. Les engrais verts sont des plantes semées et détruites en moins d’un an » rappelle Éric Maille.

Vous n'êtes pas encore abonné ?

Accédez à l’intégralité des articles Vitisphere - La Vigne et suivez les actualités réglementaires et commerciales.
Profitez dès maintenant de notre offre : le premier mois pour seulement 1 € !

Je m'abonne pour 1€
Partage Twitter facebook linkedin
Tous les commentaires (2)
Le dépôt de commentaire est réservé aux titulaires d'un compte.
Rejoignez notre communauté en créant votre compte.
Vous avez un compte ? Connectez vous
marc coussy Le 17 mars 2019 à 08:50:04
JM Barillère président du CNIV et J Despey avec sa casquette de président du conseil des vins de France-AgriMer ont croisé Président de la République au Salon de l’Agriculture Que lui ont-ils demandé : - Une PAC sans DPB (de soutien au revenu aux vignerons) au profit d’une aide aux investissements de la filière - Des retenues collinaires (en vue d’irriguer la vigne ?) - Défense du glyphosate Mais qui parle vraiment ainsi au Président? Sûrement plus des vignerons dont ils semblent avoir perdu le bon sens paysan et ignorent que la mévente d’un millésime 2018 de grande qualité et la baisse des cours mettent la viticulture artisanale dans une situation des plus difficiles
Signaler ce contenu comme inapproprié
GD Le 01 mars 2019 à 09:11:05
Il aurait été bien dans le titre de mentionner le fait que c'est en contexte bordelais. En effet selon les régions et les conditions climatiques (je pense aux vignobles méditerranéens évidement), les résultats n'ont pas l'air d'aller dans le même sens. CF thèse de Léo Garcia INRA UMR System dont une intervention a été relatée sur votre site au moment de Dyonisud à Béziers...
Signaler ce contenu comme inapproprié
vitijob.com, emploi vigne et vin
Gironde - CDD Château de La Rivière
Vaucluse - CDI PUISSANCE CAP
La lettre de la Filière
Chaque vendredi, recevez gratuitement l'essentiel de l'actualité de la planète vin.
Inscrivez-vous
Votre email professionnel est utilisé par Vitisphere et les sociétés de son groupe NGPA pour vous adresser ses newsletters et les communications de ses partenaires commerciaux. Vous pouvez vous opposer à cette communication pour nos partenaires en cliquant ici . Consultez notre politique de confidentialité pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits. Notre service client est à votre disposition par mail serviceclients@ngpa.fr.
Viticulture
© Vitisphere 2025 -- Tout droit réservé