Sylvie Augereau : Notre marginalité est loin. Dans notre dernière invitation nous ironisons sur la grotte où se tient l’évènement, mais c’est fini. Les gens viennent à cette viticulture, les grands vins se font ainsi dans le monde entier. C’est une économie réelle et grossissante.
Progressivement la Dive Bouteille est devenue quasiment incontournable. L’évènement a été lancé en 1999 par Catherine Breton, le samedi avant le salon des vins de Loire, pour accueillir une poignée d’amis vignerons et de visiteurs.
En vingt ans, l’échelle de la Dive Bouteille est en effet devenue toute autre…
L’an dernier, nous avons accueilli 4 500 visiteurs sur deux jours. Ce ne sont que des professionnels, à moitié français, à moitié étrangers (américains, asiatiques, russes, scandinaves, sud-africains…). La Dive Bouteille n’est pas le plus gros évènement [en marge du salon des vins de Loire], mais les nombres ne font pas la qualité d’un salon.
Cette année, la Dive Bouteille réunit 220 exposants. Nous avons une liste d’attente, ce qui est pénible. Je passe mon temps à dire non…
Nous choisissons de bons vins et de bonnes personnes. Ce qui fait la différence, c’est l’ambiance. Les vignerons me disent passer leur temps à faire la bise. C’est un évènement pro, mais amical. Je veille à ce qu’il y ait une participation et une implication de tout le monde.
Concrètement, peut-on résumer la Dive Bouteille à des vins nature, sans sulfites ajoutés ?
Le vin nature ne veut pas dire zéro souffre. Je préfère un gramme de soufre qu’un gramme de volatile ! La base, c’était la vendange manuelle. Ensuite on ne s’autorise pas d’osmose, de sachets de levures… La complexité du vin, c’est un millésime, un lieu et un bonhomme ! Je ne suis pas contre le conventionnel, il n’y a pas de clivage à avoir. Et on fait l’évènement chez Ackerman.
J’aime bien le terme d’artisanal, le mot nature est compliqué à utiliser. Mais on y revient toujours, il faut le reconnaître.
Pour vous, est-il possible, et souhaitable, de définir ce qu’est un vin nature ? Comme l’INAO l’avait tenté en 2018.
Pourquoi créer une catégorie à part dans l’INAO ? On devrait revenir aux propositions de René Renou, faites il y a dix ans, de créer une catégorie supérieure qui tire les AOC vers le haut. La définition d’un vin nature est difficile, car il est compliqué de fédérer. Beaucoup de gens ne veulent pas rentrer dans des cases, ils préfèrent faire les choses pour eux. Je le comprends, moi-même je ne suis pas certifiée [NDLR : Sylvie Augereau exploite 1,5 hectare en appellation Anjou].