la perpendiculaire du flamboyant pavillon rouge et noir des Australiens à Prowine China de novembre 2018 à Shanghai, les stands des chiliens. Organisés comme ceux des Français, à savoir, sans bannière unique. L’effervescence est moindre dans cette partie du salon. Principal fournisseur de vins en vrac, peu sont pourtant présents à Prowine China. Certains racontent “en off” que le vrac chilien se retrouve dans les bouteilles de vin chinois. Donc on parle surtout des bouteilles exportées...
Rodrigo Plass, directeur commercial (vivant en Chine) de Viu Manent, affirme que “l’année dernière les vins Chiliens en bouteilles ont augmenté de 33 %. Sur les neuf premiers mois de l’année 2018, la progression est seulement de 7%.” Eux, ils vendent en moyenne leur vin à 60 $ par caisse (12 bouteilles). Soit en Chine autour de 11 % en volume et 13 % en valeur par rapport à leur production totale. Que du Malbec. Ils sont les spécialistes de ce cépage qui pour lui est devenu comme une marque. Malgré ce ralentissement Rodrigo reste confiant et rappelle “quand la Chine a commencé à boire du vin, le Chili était déjà là. Et nous sommes toujours là. Nous devons maintenant changer notre image de vins pas chers. Nous étions sur les volumes pour faire de l’argent facile. Maintenant, il faut penser sur le long terme.”
Andrés Sanhueza est du même avis. Le directeur général du domaine familial Santa Ema de 300 ha, situé dans la Maipo Valley, vend des vins en bouteille ici depuis 8 ans. Et ce, à différents distributeurs et dans de plus en plus de province comme Canton ou le Sichuan et à Shanghai. ”Au début ce n’était pas facile, car le marché recherchait les prix les plus bas. Mais avec le temps, les acheteurs acceptent d’acheter des vins de qualité plus chers” confie Andrés Sanhueza. Il exporte 4 gammes différentes entre 40 $ à plus de 300 $ par caisse. En moyenne, ses 60 000 caisses exportées en Chine, représentent 20 % de leur production. Et il ajoute : “Hong Kong est pour nous un petit marché, mais c’est une belle vitrine, car nous sommes sur le marché des restaurants. Et pour l’image, c’est très bon”. Rossana Pavone Moreno, la directrice de Santa Ema et la représente de la troisième génération de ce domaine confie : “les Chinois apprennent très vite. Ils apprécient nos vins, surtout le “carmenere”, cépage emblématique du Chili. Il nous aide beaucoup à vendre nos vins ici”. Et comme le dit en plaisantant son directeur : “soyons confiants. N’oubliez que nous sommes liés avec les Chinois. Nous partageons la même mer”.
Vinedos Puertas Carlos, le directeur général de Torres Silva, situé à 200 km au sud de Santiago, a les yeux de l’homme d’affaires, satisfait. Cette winery de 950 ha, appartient à l’une des plus grandes familles propriétaires du Chili. En Chine, ils vendent du vrac et de plus en plus de bouteilles. “Depuis 7 ans, nous vendons de plus en plus et à un bon prix parce que nous avons de bons clients”, raconte son fils José Joaquim. Alors que dans leur pays, ils vendent 90% de leurs vins en vrac et 10 % en bouteilles, ils exportent dans l’empire du milieu, en bouteille 5 % de leur production entre 40 et 60 $ par caisse. Et en vrac entre 15 et 20 % de leur production à environ 1 $/litre. “En vrac, notre chiffre d’affaires est pour les 2 millions de litres qui arrivent en Chine, donc de 2 millions de dollars”.
Maintenant, comme tous les pays producteurs qui exportent en Chine et qui ne bénéficient pas de “zéro taxe” comme les Australiens depuis ce 1er janvier 2019, le Chili va observer de très prêt les effets. D’autant plus que d’après le rapport de Wine Intelligence 2017, le Chili risque d’être plus affecté que la France.