Le champagne est peut-être une boisson extravagante, mais rarement à l’honneur du point de vue de l’investissement » souligne la dernière étude de marché du site de notation WineLister. La côte des bulles champenoises ne « connaît pas d’ordinaire les gains enivrants des bordeaux à l’horizon de 2011, ni ceux des bourgognes à l’heure actuelle » ajoutent les analystes anglais, qui résument : « sur le long terme, la Champagne tient plus de la tortue que du lièvre, progressant lentement et régulièrement ». Dix fois moins présents aux enchères que les Bordeaux*, les vins de Champagne sont moins spéculatifs dans le marché secondaire. Mais n’en sont pas moins valorisés par les distributeurs.
Les 5 cuvées les plus cotées (Dom Pérignon brut et rosé, Krug Millésime, Cristal de Louis Roederer et le Mesnil de Salon) affichent une hausse de 11 % de leurs prix sur l’année 2018 selon les données de WineLister. Une performance certes moindre que les +22 % affichés par les vins de Bourgogne, mais bien supérieure aux +3 % de Bordeaux.


Bénéficiant de la commercialisation réussie du millésime 2018 l’an passée, la sage constance des prix champenois est une qualité reconnue d’après les 48 acteurs du commerce international sondés par WineLister. Si la flambée des prix en Bourgogne attise les appétits, ils augmentent les risques. Au contraire, « les prix du champagne ont tendance à faire preuve d’une plus grande stabilité sur le marché secondaire que ceux des autres régions viticoles » estiment les experts de WineLister.
Avec une hausse à la fois soutenue et modérée, « on obtient un profil risque/récompense enviable. Cela devrait rendre les vins de la région attractifs non seulement pour les investisseurs, mais aussi pour les collectionneurs et le négoce, qui préfèrent ne pas se retrouver aux prises avec des prix imprévisibles » précise l’étude.
Si la Champagne occupe une « position unique, à cheval sur le monde des grands vins et des marques du luxe », ses vins n’échappent pas à la tendance « du petit, du personnel, du romantique, par l’opposition au grand, à l’anonyme, à l’entreprise. Cela s’illustre dans l’avantage de la Bourgogne sur Bordeaux dans le marché actuel, et dans le handicap ressenti par les maisons champenoises par rapport aux récoltants-manipulants » concluent les analystes anglais. Si les grandes maisons historiques restent les plus reconnues, et recherchées, les vins de récoltants et leurs terroirs spécicifiques constituent une tendance émergente pour les collectionneurs de Champagne.
* : Avec 10 500 bouteilles par an en moyenne pour les 50 références les plus côtés de Champagne.