a Charte régionale « Engager nos terroirs dans nos territoites », censée améliorer les pratiques phytos au vignoble et les relations avec la société civile, a été signée il y a plus d'un an maintenant, en juillet 2017. Quelles avancées concrètes y a t-il eu depuis, sur le « terrain »...? « Le rythme est bon, nous sommes dans les délais prévus », répond Jean-Hugues Goisot, de la commission technique de la CAVB.
Les avancées ne sont cependant pas encore visibles, la première phase ayant en effet consisté à expliquer et convaincre les ODG et les viticulteurs, au travers notamment de nombreuses présentations lors des assemblées générales.


Pour un grand nombre, cette phase d'intégration et d'acceptation est encore en cours ; pour d'autres en revanche, il a été décidé de passer à l'étape suivante : « J'ai des retours très positifs depuis 2 mois de la part de plusieurs ODG qui veulent avancer sur certains points de la charte, ou même en-dehors ; on sent qu'on va rentrer dans du concret en 2019 », promet celui-ci. L'idée étant, à travers ces quelques engagements, de créer des « points d'ancrage » à différents endroits du vignoble, avec quelques dizaines d'hectares sur lesquels cela fonctionne, pour « donner ensuite aux autres ODG l'envie de suivre et emmener le plus de monde possible ».
Au sein de chacun, un inventaire précis des pratiques existantes dans les exploitations sera effectué, avec éventuellement à la clé un accompagnement humain et technique pour aider ceux qui ont plus de difficultés. L'objectif : « Avancer tous ensemble ». « Si malgré cela, il reste des moutons noirs, qui n'ont pas la volonté d'avancer, nous serons obligés de réfléchir à quelque chose de plus rigide, un cadre légal, explique le responsable. Mais il faut que ce soit une minorité », espère t-il.
Parmi les autres réalisations concrètes depuis la signature, l'édition d'un petit livret pédagogique à destination des citoyens, riverains et touristes, ou encore la multiplication des réunions municipales entre population et viticulteurs pour améliorer le dialogue.
Si des actions progressent, d'autres, à l'inverse, n'avancent pas. Deux « verrous » restent à ce jour à lever : en premier lieu, la formation et l'éducation dans les organismes (CFPPA) et les lycées viticoles. Les attentes sociétales et les risques sur la santé liés à l'utilisation des produits phytosanitaires ne seraient pas suffisamment pris en compte dans l'enseignement actuel et les établissements peu enclins à faire évoluer leurs programmes. « Les jeunes doivent avoir un regard neuf pour pouvoir remettre en cause les pratiques, se poser des questions », argumente Jean-Hugues Goisot.
Second point de blocage : le renouvellement insuffisant des vieux « canons » ou « araignées » par des pulvérisateurs face-par-face, car trop coûteux pour les vignerons. Le nombre de vieux appareils est encore important, en Côte d'Or, mais surtout en Saône-et-Loire. Des démarches sont en cours pour tenter de convaincre la région de débloquer des aides plus conséquentes.
Pour rappel, la filière bourguignonne s'est fixée, parmi les mesures les plus contraignantes, de mettre fin au désherbage chimique en plein et à l'utilisation de fongicides classés CMR dans les zones sensibles d'ici 2020, ou encore d'interdire les canons en 2025.