On ne peut pas faire d’irrigation de son vignoble en ouvrant la vanne et en partant » souligne le conseiller viticole Marc Gelly (Ag-Irrig), ce 6 novembre, lors d’un atelier du salon Dionysud (à Béziers). Installant du goutte-à-goutte dans les vignobles de France, d’Espagne et d’Amérique du Sud, l’expert milite pour que les vignerons soient plus attentionnés avec ces outils coûteux. « On vous installe un matériel neuf, en très bon état et très cher. Tout marche très bien la première année » pose-t-il, alertant que « sans maintenance, un système d’irrigation au goutte-à-goutte est perdu en cinq ans ».
Pour Marc Gelly, l’essentiel est de contrôler sur le terrain la performance de son système d’irrigation. Que ce soit pour éviter les fuites apparaissant après la période de chasse (et des plombs perdus) ou pour rectifier la pose des tuyaux en suspentes (pour améliorer l’écoulement). L’expert conseille de calculer les coefficients d’uniformité de chaque zone irriguée. La procédure étant simple, elle nécessite de poser des seaux sous le goute à goutte et de mesurer les volumes pendant un temps donner. Marc Gelly conseille également d’utiliser un manomètre à prise rapide pour mesurer en bout de rang les pression lors de la saison.
Le technicien conseille surtout de réaliser des relevés réguliers des quantités d’eau réellement apportées avec des compteurs volumétriques connectés. Un outil qui n’est pas réservé aux seuls vendeurs d’eau souligne l’expert, adepte de ces points de contrôles, qu’il qualifie de mouchards. « Il y a de plus en plus d’intérêt pour savoir quand et comment irriguer. Vous ferez le tour du salon, partout on vous vendra des outils de pilotage de l’irrigation de précision. Mais on ne sait souvent pas quelles sont les quantités apportées » martèle-t-il, mesurant en moyenne 60 % d’erreur entre les volumes d’eau réellement apportés et ceux estimés (que ce soit en excès ou en défaut).
Ce décalage peut devenir problématique quand s’y ajoute un déficit de maintenance de l’irrigation. L’entretien est à anticiper dès l’installation du goutte-à-goutte rapporte Marc Gelly. Qui conseille de protéger les électrovannes et robinets de la pluie et du soleil, de veiller au nettoyage régulier de l’installation et de réaliser les réparations nécessaires. Et « il faut penser à la mise en hivernage. Tout le monde l’oublie » prévient Marc Gelly, pour qui l’irrigation ne se résume décidément pas à tourner une vanne.