Nous avons voulu remettre l’église au milieu du village », explique Jean-Pierre van Ruyskenvelde, pour justifier la publication d'une plaquette sur les clones. Comme beaucoup de pépiniéristes et de sélectionneurs, le directeur de l’IFV en a assez des critiques formulées à l’encontre des clones.


Cette année, elles ont franchi un seuil qui a poussé l’institut à réagir. Le Monde, l’Obs et d’autres médias ont ouvert leurs colonnes au pépiniériste Lilian Berillon qui accuse les clones d’accélérer le dépérissement du vignoble. Une critique nouvelle venant s’ajouter à celles sur l’uniformisation des vins et la perte de diversité génétique.
« Rien ne démontre que les clones favorisent les maladies du bois, soutient Jean-Pierre van Ruyskenvelde. Au contraire : dans les conservatoires de clones, on n’observe aucune différence de sensibilité vis-à-vis des maladies du bois, entre les clones. »
Pour mettre les choses au point, l’IFV vient d’éditer une brochure intitulée « La sélection clonale, une avancée majeure pour la viticulture » qu’il a présentée lors du dernier congrès des pépiniéristes le 25 octobre à Beaune.


Cette brochure développe un autre argument contredisant l’idée que les parcelles de clones seraient plus sujettes aux maladies du bois que les sélections massales. « Les conservatoires de clones que l’on peut considérer comme des sélections massales puissance 10 (jusqu’à plus de 600 individus différents conservés sur la même parcelle) sont autant concernés par les maladies du bois que les parcelles clonales et certains d’entre eux doivent être régulièrement renouvelés et déplacés compte-tenu du nombre important de manquants observés », affirme ce document.
Une autre critique agace les sélectionneurs : la comparaison avec à la brebis Dolly. Jean-Pierre van Ruyskenvelde s’emporte : « nous puisons dans la nature l’excellence des vins français. La nature nous propose des expressions diverses des cépages. Nous les repérons et nous les étudions pour repérer et multiplier les expressions les plus intéressantes ». En d’autres termes, il n’y a aucune manipulation de laboratoire.


« Plus de 1200 clones de raisin de cuve sont agrées. C’est une richesse exceptionnelle. En tout, il y a plus de 20000 clones dans les 160 conservatoires français », insiste le directeur de l’IFV lorsqu’on lui fait remarquer que la sélection clonale aboutit à un appauvrissement génétique.
De son côté, Lilian Berillon semble vouloir calmer le jeu après avoir décrété, ce printemps, l’état d’alerte maximal pour le vignoble français. « Nous faisons ce que les anciens faisaient. Nous faisons notre boulot comme nous avons envie de le faire. Les clones sont adaptés à une viticulture. Nos plants sont adaptés à une autre viticulture », explique ce pépiniériste basé à Joncquières (Vaucluse).


Pour David Amblevert, président de la Fédération française des pépiniéristes viticoles, « avec cette plaquette de l’IFV, c’est la majorité silencieuse qui a décidé de parler. La viticulture française ne serait pas où elle en est s’il n’y avait pas eu la sélection clonale ».