lors que les stocks de vin sont au plus faible en Languedoc, les premiers coups de sécateurs sont donnés sur blanc. Mais personne ne se risque, pour l'instant, à la moindre estimation sur le volume de récolte. « On attendait une grosse récolte mais le mildiou est passé par là » constate Gabriel Ruetsch, directeur de la cave de Foncalieu. L’atteinte portée par la maladie est très variable selon les secteurs, le cépage et… le viticulteur. Mais, les produits utilisés seraient aussi un facteur. La pression hors du commun fait naître « de nombreuses interrogations du terrain sur l’efficacité des produits» souligne Bernard Angelras, président de l’IFV. Certains avaient oublié que la systémie est efficace sur feuille, mais pas sur grappe. Au-delà de ce douloureux rappel agronomique, certains s’interrogent sur les durées d’efficacité affichées par les étiquettes qui ne se seraient pas vérifiées sur le terrain face à une pression hors du commun.
Au-delà de la polémique, le constat est sans appel : nombreuses ont été les inflorescences à avorter, les grappes à se couvrir de champignon. Mais, dans quelle mesure la maladie a-t-elle atteint le potentiel volumique ? Difficile de le dire. Car les grappes qui ont été épargnées sont « belles et grosses » affirme Laurent Gourdon, chef de service viticulture à la Chambre d’agriculture de l’Hérault. Sur ses parcelles, Gabriel Ruetsch, mesure des poids de grappes plus élevés que la moyenne. Mais, la chaleur de ces jours-ci fait craindre un flétrissement. « Il faut une irrigation d’appoint pour attendre les maturités optimales tout en assurant le potentiel volumique» poursuit Gabriel Ruetsch. Reste que la chaleur fait grimper le pH. Cet effondrement de l’acidité est rapide en parallèle d’une augmentation du degré encore plus accélérée. « Sur sauvignon, le degré a augmenté de 2 degrés en une semaine » étaye Gabriel Ruetsch.
Les premières estimations languedociennes sont attendues pour le 24 août. A cette date, Coop de France LR devrait donner ses premières prévisions tandis que Jérôme Despey, président de FranceAgriMer, prendra la parole devant la presse pour faire le point sur le millésime 2018, marqué dans toutes les régions par le mildiou. Anoter que la maladie, souligne Laurent Gourdon, est encore active sur les jeunes feuilles dans un contexte général de situation toujours poussant. Et de prévenir : « la réserve d’œufs sera importante pour l’année prochaine ».