Je défriche une voie en remettant au goût du jour des techniques ancestrales. Jusque dans les années 70, les arbres et la vigne cohabitaient et faisaient bon ménage. L’arbre est nourricier, il apporte de la fertilité au sol, il attenue les excès climatiques », s’enthousiasme Jean Baptiste Cordonnier, à la tête de château Anthonic, à Moulis en Médoc, en Gironde (28 ha, 140 000 cols, AOC Moulis).
Les arbres font de l’ombre ? Ils concurrencent la vigne ? Favorisent l’oïdium ? Jean-Baptiste Cordonnier a trouvé la parade. Il les taillera en trogne, coupant toute leurs branches en hiver pour ne laisser que le tronc. Ainsi ils n’envahiront pas la vigne, tout en offrant refuge aux insectes.
Dès cet automne, le vigneron plantera 25 arbres dans une nouvelle parcelle, principalement des érables champêtres, une essence qui ne concurrence pas la vigne, mais aussi poiriers sauvages, charmes communs, ormes champêtres. Pour leur faire de la place, il laissera libres deux rangs tous les vingt rangs de vigne. C’est au milieu de cet espace qu’il plantera ses arbres tous les 8 à 10 mètres. Et pour compenser l’espace concédé aux arbres, il espacera les ceps de 90 cm contre 95 cm aujourd’hui.
A terme, il y aura 750 arbres sur les 28 ha. Un projet qui s’inscrit dans un plan environnemental plus large : depuis 2011, la propriété a planté 3 km de haies entre les parcelles. Depuis 2017, elle sème des engrais verts en automne. Au printemps, la biomasse produite est fauchée puis roulée sur le sol. L’an prochain, château Anthonic devrait être certifié en bio.