Il a plu à seaux pendant trois quarts d'heure et les ruisseaux se sont étalés. Emportant du terrain et des matériels se trouvant sur leurs abords… 90 hectares ont été touchés, essentiellement de la vigne* » rapporte Céline Forget, la technicienne sur le limouxin pour la chambre d’Agriculture de l’Aude. Ce lundi 7 mai, des pluies torrentielles ont inondé une dizaine de communes audoises d’après les premiers constats du syndicat viticole de Limoux. De Castelreng à Digne d’Aval, en passant par Loupia et Villelongue d’Aude, des vignobles ont été littéralement submergés par deux ruisseaux. Affluents de l’Aude, le Cougaing et le Corneilla ont débordé sur plus d’une vingtaine de mètres.
« Ce n'est pas la première fois que l'on voit de telles trombes d'eau ici. Il y avait eu la même chose en 1956 » se rappelle un vigneron de Limoux à la retraite. Ajoutant qu'« à l'époque, il y avait même eu de la grêle, on n'avait rien pu ramasser. Mais en ce temps, il n'y avait pas autant de tracteurs ou de voitures. Les coûts matériels n'avaient rien à voir. »
Depuis le début de semaine, l’eau s’est retirée dans le vignoble limouxin, laissant un paysage dévasté : boues, gravats, limons, troncs d’arbres… « Il faut remettre en état les bouts de rangées emportés. Mais on ne peut pas espérer de retour dans les vignes avant une semaine avec des sols gorgés en eau » explique Céline Forget. D’autant plus que de nouveaux orages sont annoncés cette fin de semaine.


S’il y a eu peu de dégâts de grêle à Limoux, ces orages ont causé des dégâts localisés dans le Minervois. Notamment sur les communes d’Agel (Hérault) et de Mailhac (Aude). Sans commune mesure avec les dégâts généralisés de juillet 2014, cet orage de grêle a eu peu d’impact sur l’ensemble du vignoble. Sauf pour le domaine de Peyremale, touché sur l’intégralité de ses 22 hectares de vigne. Ayant laissé un manteau blanc, la grêle a brisé des rameaux, fait tomber des grappes et lacérer des feuilles constate Jean Tabouriech, le propriétaire du domaine.
« Cela faisait des années que l’on n’avait pas eu de gel et de grêle, on commençait à oublier ce que c’était… L’an dernier j’étais touché à 80 % par le gel, cette année je m’attends à perdre la moitié de ma récolte » soupire le vigneron, qui s’attend de nouveau à suer sur la taille. Déjà assuré contre la grêle par le passé, il a désormais contracté une assurance climatique globale. « Je me suis dit que ce serait la poisse d’être touché deux années de suite par le mauvais temps. J’ai eu raison » conclut-il.
* : Au-delà des dégâts matériels auprès de particuliers et des infrastructures publiques, « un éleveur a perdu de la paille, des maraîchers ont perdu des petits pois, des fèves, des salades… et du matériel » énumère Céline Forget.