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« 2018, une belle occasion pour reprendre et retrouver des marchés »
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Argentine
« 2018, une belle occasion pour reprendre et retrouver des marchés »

La récolte tire à sa fin en Argentine, amenant dans leur sillage d’excellentes perspectives quantitatives et qualitatives pour le millésime 2018. Les acteurs de la filière sont dans les starting-blocks pour en profiter pleinement et assurer leur retour sur la scène internationale. Exemple avec le Domaine Bousquet à Tupungato dans la province de Mendoza.
Par Sharon Nagel Le 11 mai 2018
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orte augmentation des blancs

Après deux millésimes compliqués, la production argentine renoue cette année avec la quantité et la qualité. Les dernières estimations situent la récolte autour des 2,3 millions de tonnes ce qui, sans battre de records, s’inscrit dans la haut de la fourchette des volumes qu’osaient espérer les producteurs. « Notre domaine affiche une augmentation globale de l’ordre de 35%, sous l’effet d’une forte progression des blancs – environ +50% – et d’une hausse de 30% des rouges », se réjouit Guillaume Bousquet, associé et responsable commercial du domaine éponyme à Tupungato dans la vallée de l’Uco, Mendoza. L’expérience du Domaine Bousquet, qui représente près de 500 hectares de vignes en cumulant surfaces en propre et activité de négoce, reflète globalement celle de la filière dans son ensemble. Une filière impactée ces dernières années par le changement climatique. « Jusque dans les années 2010, les volumes récoltés étaient quasi linéaires d’une année sur l’autre parce que les conditions climatiques étaient assez régulières. Depuis 2010, le climat change et nous connaissons des pics alternés de mauvaises années et de très bonnes années ». 2018 restera dans les annales comme un très beau millésime, d’après les paramètres d’ores et déjà enregistrés : « Nous finissons les vinifications des malbecs – les derniers ont été récoltés il y a 15 jours – mais tous les marqueurs, que ce soient les sucres, l’acidité ou les pH reviennent dans les standards, ce qui laisse augurer le retour de la typicité argentine dans les vins ».

 

L’amplitude thermique un facteur qualitatif clé

En dehors des conditions climatiques, que Guillaume Bousquet qualifie de « parfaites » tout au long de la saison, avec juste ce qu’il faut de précipitations et de fortes chaleurs sur les deux derniers mois, l’amplitude thermique dans la région de Tupungato, située à 1 300 mètres d’altitude, a également joué son rôle pleinement. « En janvier et février les températures pouvaient monter à 35 ou 37°C dans la journée, mais la nuit elles tombaient à 13°C. Cet écart de 20°C ou plus constitue la clé de la qualité de nos vins, nous apportant une belle acidité ». En 2018, les vignes ont retrouvé leur santé après avoir été mises à mal par la grêle et les mauvaises conditions climatiques de 2016. « Nous avons adapté notre taille pour optimiser au maximum le millésime 2018 », précise Guillaume Bousquet, qui souligne aussi l’importance de l’utilisation de la machine à vendanger sur ce domaine à 100% bio. « En France cela peut paraître banal de parler de machine à vendanger mais en Argentine elles ne sont pas encore très répandues car importées d’Italie et de France et donc assez coûteuses. Lorsque les journées à 35°C s’enchaînent, les maturités s’envolent et la machine à vendanger nous permet de les maîtriser parfaitement ».

 

« La baisse de la production mondiale est une bonne nouvelle pour nous »

L’augmentation des volumes cette année apportera un double avantage aux opérateurs argentins, estime Guillaume Bousquet. « En réalité, lorsque les volumes sont globalement en baisse, c’est le haut de gamme qui en pâtit parce que ce sont souvent de mauvais millésimes où les jus sont moins bons. Sur l’entrée de gamme, ce niveau qualitatif plus faible peut passer parce que les clients sont moins exigeants vis-à-vis de vins vendus à 6 euros qu’à 15 euros. Cette année, nous aurons du choix pour faire nos assemblages comme en 2013-2014, par exemple, lorsque nous disposions de quelque 90 échantillons de malbec et de cabernet-sauvignon. En 2016 et 2017, ce nombre ne dépassait pas 15 ou 20, et seuls deux ou trois d’entre eux répondaient à nos exigences qualitatives ». Autre avantage, la possibilité de reconquérir des parts de marché perdues au cours des deux ou trois dernières années. « Nous ne souhaitons pas spécialement que la roue tourne, parce que toutes les régions viticoles du monde sont dans le même bateau. Toujours est-il qu’après les difficultés que nous avons connues en Argentine, la baisse de la production dans des régions de premier plan représente une bonne nouvelle pour nous. Il va manquer de vin et notamment dans le bio, qui connaît une forte croissance. De plus en plus de magasins, de chaînes et de restaurants demandent des vins bios et les approvisionnements se compliquent. Pour nous, 2018 représente donc une belle occasion pour reprendre et retrouver des marchés, même si la notoriété de notre domaine fait qu’il est moins touché que d’autres par des variations  commerciales ».

 

Coup de pouce de l’Etat

En revanche, comme ses homologues en Argentine, le Domaine Bousquet commence à ressentir les effets positifs de la nouvelle politique menée par le gouvernement Macri depuis deux ans et demi. « L’élection du nouveau président s’est soldée par un véritable effort au niveau de l’économie et de l’export. Le gouvernement précédent a mis des bâtons dans les roues des exportateurs alors qu’aujourd’hui c’est l’inverse. Ce sont de petits gestes mais ils nous aident ». Néanmoins, il reste encore fort à faire pour que le niveau de vie de tout un pan de la population progresse, d’où la décision du Domaine Bousquet de s’impliquer dans le Fairtrade. « Le commerce équitable a tout son sens en Argentine », estime Guillaume Bousquet. « C’est pour cela que nous y investissons depuis deux ans ». Une première cuvée est déjà proposée en Finlande et le domaine est en pourparlers avec la chaîne de magasins Monoprix pour en lancer sur le marché français.

 

L’accès à l’eau limite le développement de la production

La démarche s’inscrit dans le cadre d’une stratégie éco-responsable et qualitative volontariste mais également impulsée par les conditions climatiques évolutives en Argentine. « Mon père Jean Bousquet est arrivé dans cette région il y a vingt ans, ce qui nous donne déjà un certain recul. Il a vu le climat changer pendant cette période, notamment au niveau des précipitations. Au début, il était rare de voir s’enchaîner trois ou quatre jours de pluie pendant la période estivale, comme nous avons connu cette année ». Malgré ces précipitations, les ressources hydriques ont entraîné des contraintes au niveau de l’accès à l’eau. « La réglementation est désormais très contraignante à cet égard. Il y a vingt ans, on pouvait demander un permis pour construire un puits d’irrigation et le permis était accordé sans difficulté particulière. Aujourd’hui il est impossible de forer un champ, plus d’autorisations ne sont donnés, ce qui limite la production. Il n’y a désormais aucun intérêt à acheter une propriété qui n’a pas d’eau et l’époque où on pouvait créer des exploitations de toutes pièces est terminée ; on est forcément obligé de racheter une propriété existante ».

Aucun avenir pour une stratégie axée sur les volumes

Ces contraintes conjuguées à une image plutôt valorisante des vins argentins sur le marché mondial, notamment l’offre en bouteilles,  tracent une voie plutôt qualitative pour la filière, estime Guillaume Bousquet. « Les grandes maisons ont déjà pris le virage de la qualité et pour faire de la qualité, il n’y a pas de secret : il faut réduire les rendements, modifier l’encépagement et s’éloigner d’une politique quantitative. Les limites environnementales conjuguées à la vision actuelle du marché font que l’Argentine ne sera pas connue à l’avenir comme un pays producteur volumique ». Pour cette famille française expatriée, l’avenir réside plutôt dans la mise en valeur des terroirs argentins « magnifiques », à l’instar de ce que font des maisons comme Chakana Wines, également en bio. « Si tous les grands propriétaires du monde sont installés en Argentine, ce n’est pas pour rien. Nous avons donc intérêt à profiter du capital séduction fort dont bénéficie l’Argentine », affirme Guillaume Bousquet. « Il faut que l’Argentine évite d’avoir des marques « bulldozer » comme le Chili qui se retrouvent à 4 euros sur tous les rayons du monde et ne projettent pas une bonne image. Il faut plutôt s’orienter vers des vins de moyen et de haut de gamme ».

 

« Il n’y a aucun intérêt à se battre sur le terrain des volumes »

Si le changement climatique pose certains problèmes à l’Argentine, il affecte plus fortement encore d’autres régions productrices et pour le producteur français, la filière argentine doit tirer profit de ses terroirs en altitude.  « Avec des terroirs entre 1 200 et 1 400m à Mendoza et Salta, voire même à 2 200m ou plus dans le nord de l’Argentine, le changement climatique mettra plus de temps à nous toucher ici qu’ailleurs dans le monde. Je pense, par exemple, aux vignobles affectés par les très fortes chaleurs dans le Sud de l’Espagne ». La capacité de cette dernière, quoi qu’il en soit, à produire des volumes considérables à des prix imbattables laisse encore moins de place au doute dans l’esprit de Guillaume Bousquet : « Il n’y a aucun intérêt à se battre sur le terrain des volumes parce qu’aujourd’hui, c’est l’Espagne qui rafle tout. A l’heure actuelle en Argentine, vous aurez du mal à trouver des vins à moins de 2 euros le litre. Cette période-là est finie ». Les différentes taxes, les tarifs douaniers et le transport se conjuguent à du matériel importé coûteux et un prix des terres élevé pour pousser le positionnement prix des vins argentins vers le haut. « Dans l’Uco Valley  où se situent les deux ou trois meilleures zones du pays, le prix à l’hectare tourne autour de 40 000 dollars soit environ 35 000 euros. Sur les terroirs où se situe notre domaine, le prix passe à 65 000 dollars à l’hectare, soit 55-60 000 euros ». Un niveau d’investissement qui se traduit logiquement par une montée en gamme sur le long terme.

 

Dans l’immédiat, les producteurs argentins se préoccupent d’optimiser le potentiel offert par la conjoncture vitivinicole mondiale. « L’avantage cette année, c’est que l’euro est très fort par rapport au dollar, ce qui nous permettra de compenser un peu nos problèmes économiques en interne. Nous n’augmenterons donc pas nos tarifs et arriveront avec une qualité qui se présente très bien. Ce sera une année sympathique pour nous ! »

 

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