our sa dernière assemblée générale, après deux mandats consécutifs (6 ans), le président de la CAVB, Jean-Michel Aubinel est revenu sur ce dossier « qui avait défrayé la chronique » l’an dernier pendant les vendanges. Le projet de plantation de plusieurs dizaines d’hectares de vignes pour produire des vins de France (VSIG) à quelques kilomètres des zones AOC bourguignonnes, avait provoqué une levée de bouclier de la CAVB, du BIVB (Interprofession) et même de la FNEB (négociants). Le risque « de détournement de notoriété » des appellations des vins de Bourgogne avait été avancés.
Ce projet porté par la Maison Boisset avait « pris de court » la profession bourguignonne qui s’était alors positionnée pour un contingent de plantation VSIG « quasi-nul » (0,10 ares), bloquant le projet. Une décision validée par le conseil de Bassin Bourgogne-Beaujolais-Jura-Savoie. « Ce contingent était plus une manière de demander un moratoire d’une année pour prendre le temps d’une véritable réflexion » collective, a expliqué Jean-Michel Aubinel.
En terme de gouvernance, un syndicat de producteurs des VSIG va se constituer et « va rejoindre » la CAVB qui fédère déjà l’ensemble de la production sous IG (AOC et IGP). La prochaine équipe de la CAVB, qui sera élue le 3 mai, aura ainsi « l’ensemble des interlocuteurs et segments (AOP, IGP et VSIG) de vins autour de la table » des négociations pour les autorisations de plantation futures et pourra être le porte parole bourguignons des producteurs sur la gestion du potentiel de production en Bourgogne sur tous les segments de vin. En effet, la Confédération des appellations accueille déjà dans ses rangs un syndicat pour les vins IGP, aux côtés des AOC.


Ensuite, avec la famille négoce (Fneb), la CAVB va proposer à l’administration (préfecture de Région, Draaf, Inao) de « tracer quelque chose d’acceptable par tout le monde ». D’abord, en partant de l’aire d’appellation des Coteaux Bourguignons (ex-BGO), la plus grande aire régionale, aucune nouvelle plantation de VSIG ne sera possible à l’intérieur de cette zone. Ensuite, pour éviter un vignoble VSIG « aux portes de la Bourgogne viticole », un « corridor » de « protection » serait établi à l’Est et à l’Ouest des aires délimitées des AOC bourguignonnes. De premières distances de "sécurité" ont été évoquées. « La CAVB verrait plutôt à l’Est de la Saône, un zonage évalué à une vingtaine de kilomètres. Idem dans la partie ouest » a annoncé le président de la CAVB qui défendra cette position la semaine prochaine lors d’une réunion préparatoire en vue du prochain Conseil de bassin. Le sous-préfet de Beaune, Jean-Baptiste Peyrat « se gardait de toute affirmation définitive » sur ce sujet « compliqué » mais estimait « possible de trouver une voie médiane » à la position de tous les acteurs.
Jean-Michel Aubinel assurait ainsi « ne pas vouloir bloquer » à tout prix « ces véritables projets économiques » mais rappelait que « la notoriété de la Bourgogne repose sur des équilibres plus fragiles qu’ils n’y paraissent ».