e Latour à Angélus, les plus grands crus classés passent progressivement au bio, faisant de cette viticulture alternative une véritable évidence commerciale. Mais qui a dit que seuls les châteaux prestigieux de Bordeaux cèdent aux attentes sociétales, et donc des marchés ? Alors que le tassement français des surfaces en bio interpelle, des opérateurs majeurs font le pari de la conversion, avec une aspiration il est vrai moins poétique que stratégique. Mais avec un impact commercial qui sera sans doute plus important que les crus bordelais.
À l’occasion de la publication de son dernier document de référence, le groupe champenois Vranken Pommery Monopole a annoncé que ses 1 750 hectares de vignes en Camargue (Grands Domaines du Littoral) et 300 ha en Provence (château la Gordonne) sont certifiés bio ou en cours de conversion*. Les 2050 ha du groupe dans le Sud-Est doivent progressivement obtenir la certification, qui devrait être effective sur tout cette surface en 2025. Cette conversion d’ampleur répond à « une demande toujours croissante de vins bio », que le groupe a pu jauger avec la commercialisation depuis 2012 des cuvées bio « domaine de la Félicité » et « domaine de Quincandon ».


Ce 30 mars, l’assemblée générale de l’union coopérative Univitis a validé l’entrée en conversion du château les Vergnes (que la cave possède depuis 1986). Avec 140 hectares en appellations Bordeaux (blanc, rouge et rosé) et Bordeaux Supérieur, ce vignoble doit être intégralement certifié bio en 2023. Ce qui multiplierait alors par quinze l’approvisionnement bio d’Univitis, qui se limite actuellement à 10 hectares, pour 500 hectolitres de Bordeaux rouge produits annuellement (sous les marques Le Loriot des Guinots et Le Pinson de Font Gravette). Une paille par rapport aux 2 000 ha et 105 000 hl de la coopérative.
« Cette orientation stratégique est le résultat d’une réflexion du conseil d’administration sur la réponse à apporter structurellement au segment du marché des vins bio en fort développement tant en France qu’à l’international » explique un communiqué de la coopérative.
* : En Champagne, les 288 ha en propriété du groupe Vranken ont obtenu le label viticulture durable en Champagne sont certifiés Haute Valeur Environnemental de niveau 3.