ujourd’hui, il y a 10 millions d’Å“notourismes en France, dont 42 % étrangers. Dans 10 ans, les visiteurs étrangers pourraient représenter 60 %. Comment innover pour répondre à cette croissance ? Comment insuffler professionnalisation et efficience dans l’offre ? « Nous devons aller vers la digitalisation de l’offre et des services » répond Emmanuel Bobin, directeur de l’Open Tourisme Lab. Cela passe notamment par la conquête des circuits de distribution de l’Å“notourisme, car rappelle Emmanuel Bobin : « Quand on veut vendre une offre oenotouristique, c’est un autre circuit de distribution que ceux traditionnels du vin ». Ce que peuvent apporter les start-ups dans ce challenge de la diffusion, c’est une palette de solutions pour être mieux visible sur les marchés.
Mais avant de parler de diffusion des offres, il faut avoir en tête la cible numéro 1 de l’Å“notourisme. Jean-François Pouget, directeur marketing à l’ADT de l’Hérault, sait exactement qui elle est. « Votre clientèle : c’est la femme appartenant à la génération Y. C’est elle votre cible d’aujourd’hui et de demain » affirme-t-il. « La grande révolution post-moderne a conduit à ce que la femme s’occupe du vin ». C’est elle qui achète le vin mais est également organisatrice des sorties. « Or la génération Y est en quête d’expériences pour se retrouver en famille ou entre ami ». L’Å“notourisme est donc fait pour elle. Mais comment s’adresser à elle ? Il faut construire un récit expérientiel et scénariser le parcours du client à « partir du moment où il coupe le contact de ma voiture » souligne Jean-François Pouget.
C’est là que l’offre digitale vient apporter des solutions à ces enjeux relationnels. « Les nouvelles technologies prennent de l’ampleur aujourd’hui car elles touchent au cÅ“ur de la stratégie marketing : la relation avec le client » confirme Nicolas Ponzo, directeur des Costières de Nîmes. Il insiste sur la dimension multicanale qui doit présider à la digitalisation de l’offre. Elle doit se matérialiser par un site internet et une communication sur plusieurs réseaux sociaux. De surcroît, « il faut être « any device » (ndlr : permettre la consultation sur tous les types d’écrans : mobile, tablette et ordinateur) » explique Nicolas Ponzo. Ce dernier insiste également sur la nécessité d’entrer dans l’ère du big-data en matière d’Å“notourisme. « A chaque instant, on analyse les réactions des consommateurs à travers la data. Il y a un besoin d’outils collaboratifs généraux afin de construire une compilation des données, point essentiel de la stratégie oenotouristique ».
La digitalisation se heurte néanmoins à une contrainte et pas des moindres : les zones blanches du réseau. Ce n’est pas une fatalité, assure Frédérique Poivert-Becq, directrice adjointe de l’Institut des applications spatiales InSpace. « Les satellites peuvent permettre de désenclaver les zones blanches » assure-t-elle. Cette contrainte technologique levée, la ruralité intelligente aurait un bel avenir, poursuit-elle. « En récupérant les informations terrains sur les domaines, la météo, les lieux d’intérêts touristiques, les lieux d’hébergement et de restauration et en les croisant avec les profils de préférences de la clientèle, il est tout à fait possible de développer des choses très pertinentes » explique-t-elle, rejoignant le point de vue de Nicolas Ponzo sur la nécessité de développer le big data. Frédérique Poivert-Becq suggère également de penser au développement des véhicules autonomes. Et de lancer : « on pourrait imager qu’une navette autonome circule sur le territoire, permettant de faire visiter différents points d’intérêts ». De surcroît, ce serait un bon point pour la sécurité routière.