n 2013 des vins du Beaujolais ont rencontré des problèmes à l'export, en Chine. Ils présentaient des taux de manganèse trop élevés, supérieurs à 2 mg/L. L'IFV-Sicarex beaujolais a cherché à en connaître l'origine, en étudiant l'éventuel passage de cet élément du sol à la plante puis au vin, un phénomène donc naturel.


A partir de l'étude cartographique des sols du vignoble, 15 parcelles de Gamay ont été étudiées sur trois ans : cinq appartenant à la classe des sols « argiles résiduelles » (appelée « type 7 »), six à celle intitulée « dépôts anciens de piémonts » (« type 8 ») ; ces deux premières familles présentant des teneurs élevées en manganèse (Mn) en surface, entre 40 et 80 ppm. Enfin, quatre parcelles ont été sélectionnées parmi le groupe des granites (« type 1 »), cette nature de sols étant la plus répandue dans le Beaujolais, mais ne présentant pas de teneurs particulièrement élevées de cet élément. Les taux de Mn sur pétiole, moûts et vins provenant de ces vignes ont été mesurés chaque année.
Première conclusion tirée de l'étude : la teneur en Mn des pétioles est un très bon indicateur de ce que l’on peut retrouver au final dans le vin, avec une bonne corrélation entre les deux. En revanche, la corrélation entre la teneur en Mn dans les pétioles et celle du sol n'est pas évidente, quelle que soit l'année et le type de sol.
Second constat : les taux de Mn dans les pétioles sont les plus élevés dans ceux issus des sols de type 8, quel que soit le millésime. Ceux provenant des sols de type 7 présentent à l'inverse de faibles teneurs. Les sols granitiques se situent entre les deux, avec une forte variabilité entre parcelles. « Cela montre l'importance du type de sol sur la teneur en Mn des pétioles et des vins, commente Jean-Yves Cahurel. Elle peut être très élevée (maximum de 14,6 mg/L dans cette étude) et uniquement du fait du type de sol ».
L'examen des caractéristiques des trois types de sol permet par ailleurs de dégager deux tendances. Les sols de types 1 et 8 présentent des teneurs importantes dans les pétioles quand les pH du sol sont bas. Idem avec le taux d'argile et la CEC : plus ils diminuent, plus la teneur en Mn est forte. Les sols de type 8 sont à tendance réductrice, ce qui explique les valeurs en général plus élevées par rapport aux sols de type1, les formes réduites du Mn étant solubles dans la solution du sol. Pour les sols de type 7 enfin, ces tendances sont observées mais de façon nettement atténuée.
« Plus que la teneur en Mn du sol qui ne semble pas avoir d'effet important, ce sont plutôt la CEC et le pH qui ont un impact important sur la teneur en Mn des pétioles et des vins, conclut l'ingénieur. La première, en lien avec la fixation du Mn (cation) par le complexe argilo-humique, le deuxième du fait de la relation entre la solubilisation des métaux et l’acidité du sol ». Un sol à faible CEC ou à pH faible sera donc plus propice à donner de fortes valeurs en manganèse dans la plante et le vin : il « complexe » moins le Mn car est moins riche en argiles et matière organique.
Concernant les sols de type 7, ceux présentant les taux de matière organique et d'argile les plus forts enregistrent des taux de Mn pétiolaires plus faibles ; ils « complexent » le Mn en lien avec leur fort taux d’argile et de matière organique, le rendant peu disponible pour la vigne.