En 2017, la Corse a été épargnée par le gel, mais pas par la sécheresse » résume Éric Poli, le président du Conseil Interprofessionnel des Vins de Corse, sur le stand collectif du salon Vinisud. Résultat des courses, le vignoble insulaire a récolté 300 000 hectolitres, alors qu’il espérait atteindre les 400 000 hl avec la mise en productions de nouvelles plantations*. Cette baisse de 20 % de la production corse conduit l’interprofession à réviser l’ambition de l’Indication Géographique Protégée Île de Rosé, qui devait arriver en force sur les marchés cette année avec le soutien des caves coopératives corses.
« Le manque de volume est évident. Les opérateurs privilégient leurs marchés et le démarrage sera plus timide que prévu » lâche Éric Poli. Le vigneron de Linguizzetta estime qu’un millier d’hectolitres sera mis en marché, quand il tablait initialement sur 5 000 hl. « Les opérateurs gardent des volumes en Île de Rosé pour tester le marché » souligne Éric Poli, qui reste convaincu de la pertinence d’une IGP haut de gamme. Pour viser des prix de vente en grande distribution de 5 à 6 euros, quand ils sont actuellement moitié moindre pour l’IGP existante Île de Beauté.
Pour gagner en valorisation, l’IGP Île de Beauté joue l’identité corse, le vin devant être composé à 85 % au moins de cépage sciacarellu, et l’engagement environnemental, avec une charte accolée au cahier des charges IGP. « Les vignerons s’engagent à réduire leur désherbage chimique de 70 %, à ne plus utiliser d’engrais chimiques, à pratiquer une agriculture raisonnée… » liste Éric Poli. Pour lui il s’agit autant de positionner les vins corses auprès des consommateurs sensibles au développement durable que de donner de nouvelles habitudes au vignoble. « Si l’on veut franchir dans dix ans le pas d’une nouvelle viticulture, il faut commencer à avancer progressivement » conclut le vigneron corse, inscrivant ses projets dans la pérennité plus que la facilité.
* : La Corse augmente actuellement de quasiment 2 % par an son vignoble (en 2018 sont demandés 130 hectares de nouvelles autorisations de plantation, pour une surface actuelle de 7 000 ha). « Le contingent est consommé chaque année. Il est juste en dessous de la demande » explique Pierre Acquaviva, le président du groupement intersyndical des vins AOC de Corse.