e marché des vins de France reprend des couleurs en Languedoc-Roussillon. Durant les 6 premiers mois de la campagne, les volumes échangés sont en hausse de 76 % par rapport à la même période de l’année précédente. C’est en rosé que la croissance est la plus forte, puisque les volumes ont doublé. La hausse est de 78% pour les blancs et 67 % pour les rouges. « Le marché est fait, indique Bruno Crouzet, courtier dans le Gard. En rosé, tout est vendu. Il ne reste que quelques disponibilités en blanc et rouge, mais ce sont essentiellement des stocks invendus de 2016 ».
Ce marché avait reculé lors des campagnes précédentes. L’activité soutenue de cette année s’explique par la vente de stocks du millésime 2016. « En tout début de campagne, le marché n’était pas brillant. Certaines caves ont déstocké à bas prix des vins qui n’avaient pas trouvé preneur avant », analyse Jean Courty de France Agrimer. En janvier, les blancs étaient à 65 €/hl, les rouges à 70 €/hl et les rosés à 75 €/hl. La petite récolte en France et en Espagne a changé la donne. « Les vins espagnols se sont redressés. L’écart de prix avec les vins de France s’est resserré ce qui a relancé les vins de France. Les acheteurs sont revenus puisqu’il y avait de la disponibilité à des prix guère différents de ceux des vins espagnols », constate Bruno Crouzet.


La cave coopérative de Coursan positionnée sur le marché des vins de France bien qu’elle ait perdu la moitié de sa récolte à cause du gel. « Nous nous sommes engagés dans des contrats triennaux avec des volumes et prix fixés sur trois ans. Cette année, comme notre récolte est exceptionnellement faible, notre engagement en volume est limité. Mais en année normale, nous fournirons 10 à 15 000 hl de vin de France. A des prix autour de 65 €/hl en rouge et avec des rendements entre 110 et 120 hl/ha, c’est jouable. On peut reprendre pied sur des marchés que l’Espagne a phagocytés », assure Sébastien Boyer, le directeur.
Louis Servat, courtier dans l’Aude, est plus sceptique : « nous avons perdu le marché des vins d’entrée de gamme. Très peu de caves dans la région sont capables d’atteindre les rendements qui assurent une rentabilité », estime-t-il. Les prix remontant, celles qui ont cette capacité vont peut-être retrouver un intérêt dans ce marché, pour peu qu’elles fassent une récolte normale.