près deux années de baisse successive des surfaces plantées en Côtes-du-Rhône et Côtes-du-Rhône villages bio, l'heure semble désormais être à la stabilité. En 2017, les surfaces déclarées dans cette production sont quasiment identiques à celles de 2016, voire même en légère progression, avec 3 500 ha. Les quelques «déconversions», moins nombreuses qu'avant, seraient ainsi compensés par les nouvelles surfaces « entrantes ».


Si l'on considère le volume de 2017 comme un « accident » et que l'on se base sur un potentiel de production équivalent à celui de 2016, soit 116 000 hl, l'équilibre entre offre et demande serait désormais meilleur, après des années de surproduction : « Si l'on se base sur une récolte comme celle de 2016, le point d'équilibre semble atteint ; les courbes de la production et des besoins du marché sont en train de se croiser », analyse Denis Guthmüller, élu à la commission économie du syndicat de l'appellation.
La faible production et l'inversion de tendance ont eu comme corollaire une remontée des cours sur le vrac, aujourd'hui valorisé à 185€/hl, contre 165€/hl pour le Côtes-du-Rhône bio « conventionnel ». Une hausse qui reste cependant « limitée », estime celui-ci, et qui permet aux viticulteurs « d'en vivre ». « En vendant à 180€, la production ne joue pas à la spéculation, car elle souhaite construire quelque chose de durable », se défend-il.
Mais ce relatif équilibre ne devrait pas durer, prédit aussi Denis Guthmüller. La demande continuant de progresser - la croissance du marché des vins bio étant estimée entre +15 et +20% par an - la production actuelle ne devrait donc plus suffire dans deux ou trois ans : « D'ici quelques années, il manquera clairement de vin bio et il y aura des tensions sur les prix, prédit celui-ci. Si on avait une interprofession (voir encadré), on serait plus serein, on aurait plus de visibilité, regrette t-il. Pour les années à venir, il faut aussi motiver les conversions ! »
Illustration: Graphique représentant les surfaces déclarées en bio en appellation Côtes du Rhône et Côtes du Rhône villages:
A quand une filière Côtes-du-Rhône bio organisée dans la vallée du Rhône ? Evoquée en juin 2016, la concrétisation de celle-ci, via la naissance d'une association interprofessionnelle, ne semble encore pas pour tout de suite... : « On discute, un groupe de travail informel a été constitué, réunissant des membres de la production et des membres de l'UMVR, mais il n'y a rien de concret pour le moment », répond Etienne Maffre, président du négoce.
« Les deux parties souhaitent avancer, mais la motivation est plus marquée côté production, indique Denis Guthmüller, qui y travaille et attend depuis deux ans sa réalisation. On avance tranquillement, mais ce n'est pas simple », poursuit celui-ci. En toile de fond, des différends entre les deux familles sur la valorisation des vins bio, notamment sur le différentiel de prix avec les vins conventionnels, sur lequel elles n'arrivent pas à s'entendre.