La vigne vue du ciel

La flavescence dorée détectée par drone « avant 2021 »

e vous méprenez pas. La détection par drone de vignes touchées par la flavescence dorée tient de l’outil d’aide à la décision, qui doit permettre de déterminer un niveau de risque, mais pas d’arrêter les prospections dans le vignoble. « Il n’est pour l’instant pas possible de s’affranchir d’analyses en laboratoires pour confirmer la présence du phytoplasme » pose le docteur Harold Clenet de l’école d’ingénieurs de Purpan. L’enseignant-chercheur n’en reste pas moins convaincu que « la technologie multispectrale a la capacité de détecter les pieds atteints pour optimiser la vitesse et le coût de la détection. Avant 2021, il y aura une solution commercialisable ! »

En partenariat avec le prestataire toulousain TerraNIS et financée par la région Midi-Pyrénées*, la thèse de Johanna Albertis à Purpan a étudié de 2014 à 2017 cette utilisation de l’imagerie drone sur trois millésimes à Gaillac (750 hectares en 2015, 2016 et 2017) et d’autres vignobles (100 ha dans le Minervois en 2016 et 90 ha à Bordeaux en 2017). Arrivant à son terme, ce travail universitaire donne des résultats prometteurs, son algorithme permettant de modéliser la présence probable de foyers de flavescence dorée. Ce qui donne des cartes représentant des niveaux d’infection entre zones saines et infectées (voir ci-dessous). « Aujourd'hui, le modèle est performant avec des taux d’infection élevés par pieds. Dès que 25 % du feuillage d’un pied exprime des symptômes il est détecté, au-delà de 50 % le modèle est sûr » précise Harold Clenet.

Barrières technologiques

Pour distinguer les ceps malades de ceux sains, le modèle détecte les anomalies de coloration des feuilles de vigne dans le visible : feuilles rougissantes pour les cépages noirs, feuilles jaunies pour les variétés blanches. Comme dans le cadre d’une prospection classique, la détection de pieds atteints doit donc être validée par un test Elisa, confirmant ou non la flavescence dorée (le symptôme pouvant être celui du bois noir ou d’une carence minérale). Le développement de capteurs hyperspectraux pourrait permettre d’affiner l’expertise évoque le Harold Clenet, qui en fait un sujet de la deuxième thèse qui doit être lancé sur le sujet début 2018 (une demande de financement a été posée à l'Association Nationale Recherche Technologie ce mois de septembre).

Mais pour le chercheur, il reste une autre barrière technologique à lever : la confusion lors de l’acquisition entre pixels de vignes et pixels de sol et d’ombre. « L’enjeu est que l’algorithme puisse détecter les symptômes dans toutes les conditions » ajoute Harold Clenet. Si le chercheur part du principe que l’imagerie aérienne permettra un gain d’argent et de temps par rapport à la prospection humaine dans le vignoble, aucune étude de coût n’est encore disponible. Le prestataire TerraNIS devant encore développer son offre, avec la volonté de proposer ce service en complément des cartographies par Œnoview.

* : Cette étude a également été soutenue par la Maison des Vins de Gaillac, la Chambre d'Agriculture du Tarn, l’Institut Coopératif de la Vigne et du Vin et le Groupement de Défense contre les Organismes Nuisibles des Bordeaux (GDON Bordeaux).

En pratique, la télédétection multispectrale des pieds malades par imagerie drone donne des cartes de probabilité d’infection. École d’Ingénieurs de Purpan