Pour les néo-ruraux, la campagne est vue comme un espace-temps de repos, de nature jardinée, qu’ils voudraient sans inconvénients. Pour les vignerons, le vignoble est un espace de travail et de production », explique l’anthropologue Gilles Armani, invité lors du séminaire du VinOpôle Centre Val de Loire sur les vignes périrubaines. Que faire pour éviter les tensions ? Réponse avec les réponses glanées lors du séminaire sur les vignes périurbaines organisé le 24 octobre à Tours par le VinOpôle Centre Val de Loire.
Allez au devant des riverains.« J’interviens chaque année à la réunion organisée à la mairie pour les nouveaux habitants, afin d’expliquer le métier et les contraintes des viticulteurs », signale Alain Le Capitaine, vigneron à Rochecorbon (Indre-et-Loire). « Les vignerons préviennent les riverains par SMS avant les traitements, les relations sont meilleures, chacun y a mis du sien », constate Christian Guesnard, adjoint au maire de Pontlevoy (Loir-et-Cher). « Avant d’installer des tours anti-gel, nous avons invité les riverains à une réunion d’informations. Au début, 90 % étaient hostiles à notre projet. A la fin, ils n’étaient que 20 % », se souvient Dominique Girault, vigneron à Noyers-sur-Cher (Loir-et-Cher), président de la Cuma Protec’Gel et de la Fédération des associations viticoles du Loir-et-Cher.
Expliquez vos efforts pour l’environnement« La profession évolue. En AOC Montlouis, 35 % des vignerons sont en bio, la coopérative est en Terra Vitis et nous mettons cela en avant », indique Didier Avenet, vigneron à la cave de Montlouis (Indre-et-Loire). « Nous ne signalons pas assez nos efforts pour réduire les doses de phytos », observe Dominique Girault.
Rendez service à vos voisins« Lorsque mes voisins taillent leurs arbres en bordure de mes parcelles, je passe les tas de branches à la broyeuse. Les bonnes relations, c’est une question d’éducation et de bon sens », explique Philippe Brisebarre, vigneron à Vouvray (Indre-et-Loire), président du Crinao Val de Loire et membre de la commission chargée de la protection des territoires à l’Inao.
Misez sur le patrimoine« La valeur patrimoniale d’un vignoble peut être un élément de dialogue entre vignerons et riverains, qui partagent un même intérêt, la défense d’une qualité de territoire », note Myriam Laidet, de la Mission Val de Loire Patrimoine mondial.
C'est bien beau de vouloir apaiser le dialogue mais il faut que les deux parties fassent un pas l'une vers l'autres. Et le séminaire organisé à Tours n'a pas manqué de mettre le doigt sur le comportement irrespectueux des riverains. « On nous voit comme des pollueurs mais des gens jettent des déchets dans mes vignes », déplore Marielle Henrion, vigneronne à Azay-le-Rideau. « Dans une commune, un collectif de riverains a fait une pétition, mais n’a pas rencontré le vigneron concerné », indique Alain Treton de la chambre d’agriculture de Loire-Atlantique. Lors du séminaire organisé à Tours, une riveraine a exposé ses doléances, sans avoir pris contact au préalable avec le responsable local de l’ODG concerné.