'Indication géographique protégée Collines rhodanienne a le vent en poupe. En quelques années, cette petite IGP (par sa dimension) a réussi à se faire une place et un nom, parfois même à se hisser dans le « haut du panier » des vins de la vallée du Rhône. Il n'est ainsi pas rare de trouver des cuvées, produites par des vignerons ou des maisons de négoce locales, à des prix supérieurs à 10€, voire parfois même à 25€. C'est notamment le cas des vins issus des coteaux situés entre Seyssuel et Chasse-sur-Rhône, au nord de Vienne, face à la Côte Rôtie. Un secteur qui a fait l'objet, depuis quelques années, d'une véritable renaissance, donnant lieu à des cuvées « haut-de-gamme », à l'image de « Sotanum », vendue 35 € et élaborée par les trois vignerons Yves Cuilleron, Pierre Gaillard et François Villard, ou encore de « Lucidus », un viognier de la maison Chapoutier valorisé 24 €.
« Nous sommes un peu la haute couture de l'IGP », reconnaît Pierre-André Déplaude, président du syndicat viticole et vigneron à Tartaras (42). Le territoire actuel de production de cette IGP est en réalité plus large, s'étendant le long d'une étroite bande de 20 km de large, de part-et-d'autre du Rhône, sur 120 km de long, à cheval sur 5 départements : le Rhône, l'Isère, la Loire, l'Ardèche et la Drôme. « On peut dire que la réussite est généralisée », ajoute celui-ci.
La surface plantée et en production couvre actuellement 430 ha, mais pour répondre à la demande croissante, celle-ci va s'étendre dans les années à venir : en deux ans, 150 ha de nouvelles plantations ont ainsi été demandées (et accordées) par différents opérateurs, soit une croissance d'un tiers du vignoble en seulement deux ans. « Tous les marchés sont demandeurs », indique Pierre-André Déplaude. Au départ écoulés via la vente directe et les cavistes et restaurateurs de la région, les vins gagnent en notoriété et sont aussi désormais vendus à l'export.
Pour expliquer ce succès, le responsable professionnel avance plusieurs raisons : « L'IGP est portée par la périphérie des AOP du Rhône nord : Côte Rôtie, Condrieu, Saint Joseph, Crozes Hermitage... Le nom rhodanien est aussi porteur », indique celui-ci. Les cépages cultivés sont en grande majorité identiques à ceux de ces AOP voisines : Syrah, Viognier, Roussanne, Marsanne, avec quelques autres cépages, présents de façon anecdotique, comme le Chardonnay ou le Merlot.


Autre explication : les opérateurs - 80 caves particulières, une vingtaine de négoces vinificateurs et 4 caves coopératives - ont pour la plupart des productions « mixtes », avec des vignes en AOP, sur lesquelles ils n'ont pas la possibilité de s'étendre. « Avec l'IGP, cela est plus facile et ils ont la capacité d'absorber du volume supplémentaire », indique Pierre-André Déplaude .
Le fait qu'ils soient déjà propriétaires dans ces appellations implique aussi qu'ils sont à la recherche « d'excellence et de valeur ajoutée ». « Au lieu de chercher à baisser leurs coûts de production et à augmenter leur rendement, ils font l'inverse. Ils travaillent leurs vignes dans le même esprit que celles d'appellation, avec la maîtrise des rendements entre 45 et 60hl/ha pour favoriser la qualité, des travaux en vert comme l'ebourgeonnage, l'effeuillage, etc ».
Outre la capacité technique, ils ont aussi une bonne maîtrise commerciale et économique. Ils se sont fait un « nom » grâce aux AOP, sont déjà structurés en terme de vente et débouchés commerciaux, déjà bien établis. Planter des vignes en IGP leur permet de diversifier leur gamme, ou encore, plus simplement, de se créer une entrée de gamme.