On préférerait être plus débordé avec cette mesure… Sur l’année écoulée, dix dossiers ont été déposés » constate Dominique Fedieu, le conseiller départemental et président de la commission Agriculture de Gironde. Vigneron bio dans le Médoc, il pousse pourtant un dispositif d’actualité : l’arrêt du désherbage chimique. Soit le passage au « zéro herbicide » en viticulture, dans le cadre d’un « contrat départemental d’agriculture durable ». Accompagnant les propriétés bio comme conventionnelles, le programme départemental propose une aide à 80 % au diagnostic (limité à 1 000 euros, avec un expert choisi dans les listes de la Chambre d’Agriculture, d’AgroBio Gironde, etc…) et un financement d’investissements en bâtiments et matériels (sans liste restrictive).
Seuls deux critères de conditionnalité ont été fixés pour les dépôts de dossier : que la personne demandeuse soit une société agricole, ou l’un de ses sociétaires, et que ses revenus ne dépassent pas 30 000 euros nets (après impôts et MSA). Au terme des trois ans, le seul critère évalué au final est l’arrêt d’utilisation d’herbicides (qui n’est pas un préalable à la démarche). Sachant qu’« une bonification d’aide est également apportée aux jeunes agriculteurs, aux viticulteurs qui s’engagent dans l’agriculture biologique, ainsi qu'aux non-utilisateurs de produits phytosanitaires classés cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR) » précise un communiqué du département.
Au diapason des revendications environnementales de la société civile, ce programme répond aussi à un risque : l’interdiction du glyphosate, matière active incontournable des principaux herbicides. À l'heure où les débats politiques sur la dangerosité du glyphosate font rage, le programme départemental compte anticiper toute impasse technique. « Mieux vaut être en avance qu’attendre que la réglementation fasse tomber un couperet » explique Dominique Fedieu.
Si le programme semble arriver à point nommé, son adoption est encore laborieuse. Actuellement, il y a seulement neuf domaines en bio et une propriété conventionnelle qui se sont engagés. Si la mesure est encore jeune et peu connue (ayant été lancée en avril dernier, les dégâts de gel ont pris le pas sur les autres sujets), le programme doit convaincre de sa souplesse et de sa pertinence pour réussir le pari de l’abandon des herbicides. « Il n’y a pas de recette, chaque cas est unique. Le point le plus bloquant reste la gestion des sols » analyse le vigneron médocain, aqui relève aussi des craintes de surcoûts de production difficiles à répercuter sur les prix de vente.
Devant être pérenne, ce « contrat d’agriculture durable » pourrait prochainement inclure d’autres mesures existantes (implantation de haies, pratiques de confusion sexuelle…). De toute façon, « à l’heure actuelle, on n’est pas en manque de budget » conclut Dominique Fedieu.