haque année la tendance semble la même pour la filière française : ses vins se valorisent toujours plus quand leurs volumes se rétractent sensiblement. Répondant à une course à la premiumisation, ce positionnement croissant sur le haut de gamme est particulièrement visible dans la dernière lettre économique du Comité National des Interprofessions des Vins à appellation d’origine (CNIV). Se basant sur l’étude de compétitivité financée avec FranceAgriMer, les économistes du CNIV se sont notamment penchés sur les marchés allemands, belges et britanniques, qui « sont tous les trois des marchés matures, sur lesquels les ventes de vin progressent peu et où les vins français subissent des pertes de parts de marché » estiment les experts.
Quelle que soit le produit étudié*, les statistiques témoignent d’une même répartition des volumes de vins français : leur part de marché croit avec le prix. Pour les vins rouges, l’Hexagone pèse 60 % des volumes commercialisés plus de 20 €, quand ce poids tombe à 30 % sur la gamme 4-12 € (avec l’Italie et l’Espagne en leaders). En Belgique, la France domine les effervescents de plus de 30 € (à 80 % des volumes), mais se fait doubler par l’Espagne et l’Italie à moins de 10 € (à 15 %). Au Royaume-Uni, les vins rosés français comptent pour 50 à 60 % des volumes vendus plus de 8 livres, quand ils tombent à moins de 5 % pour 4-6 £ (derrière les États-Unis, l’Italie, l’Espagne…).
Ayant déjà diagnostiqué que la filière française était handicapée par son marketing de l’offre dans une compétition mondialisée, les économistes estiment qu’il faut désormais « créer des nouveautés, travailler la proximité avec les consommateurs et mieux exploiter le marché des effervescents ». Voulant dépasser les constats pour proposer des pistes constructives, les économistes soulignent que « la France a les défauts de ses qualités : elle est connue, donc rassurante, mais manquerait de nouveauté et de modernité ». Le marché allemand demande ainsi toujours plus de bio, quand les consommateurs anglais sont sensibles aux faibles degrés alcooliques. La présence sur le terrain, auprès des distributeurs et consommateurs, ressort également de cette étude, comme la carte à jouer sur les bulles. « En Belgique, le cava est peu concurrencé, tandis qu’au Royaume- Uni, le marché des effervescents reste sous-exploité par les vins français » conclut le compte-rendu du CNIV.
* : À quelques exceptions près. Comme le relève le CNIV, « dans le circuit des chaînes de cavistes au Royaume-Uni, les vins rosés français sont leaders sur le haut de gamme, avec une part de marché de 60 à plus de 70 % sur les catégories à plus de 10 £ la bouteille. Mais elle est aussi la première sur les vins à moins de 10 £ (avec 30 à 40 %)".